C’est l’hécatombe parmi les acteurs du zéro déchet. Dernière victime en date, la société Nahé cosmétiques (marque Pachamamaï), l’une des pionnières à s’être lancée dans les cosmétiques solides, dont la liquidation judiciaire a été prononcée le 21 mars par le tribunal de commerce de Versailles (78). La marque Pachamamaï n’est toutefois pas appelée à disparaître puisqu’elle a été reprise par le Laboratoire Paris Dôme, l’un des façonniers de la société, fabricant notamment de ses pastilles de dentifrices à dissoudre.
Mamie Mesure baisse le rideau
« La totalité de l’offre, explique Ludvina Sanchez, la fondatrice de Pachamamaï, continuera d’être proposée en magasin bio, à l’exception des références affichant les moins bonnes rotations ». Le deal prévoit que la fondatrice de la marque accompagne le laboratoire dans son développement d’une offre cosmétique zéro-déchet. Si la fluidité de l’approvisionnement est chahutée depuis l’annonce de la liquidation, la logistique devrait se remettre en ordre de marche dans le courant du mois de mai, promet Ludvina Sanchez.
Autre acteur emblématique touché par cette succession de fermetures : l’enseigne zéro déchet Mamie Mesure qui a été placée en liquidation judiciaire le 8 mars. Crise des gilets jaunes, pandémie de Covid, désaffection vis-à-vis du vrac et de la bio ou encore hausse des coûts de l’énergie… L’enseigne a rencontré de trop nombreuses difficultés et n’a finalement pas pu opérer sa mue d’un modèle de licence de marque vers un réseau de magasins en franchise (lire Circuits Bio N° 14, février-mars 2023, page 9). Plusieurs magasins continuent néanmoins leur activité, comme c’est le cas au Mans (72), à Lorient (56) ou encore à Rennes et Vitré (35). « Les épiceries sont des entreprises indépendantes qui peuvent continuer sans le support du réseau Mamie Mesure. Elles doivent toutefois se positionner pour racheter la marque ou le cas échéant, changer de nom et de charte graphique », explique une gérante interrogée. Des concurrents peuvent aussi se positionner pour acheter la marque auprès du tribunal de commerce de Rennes.
Additions d’externalités négatives
Quelques semaines plus tôt, c’est la société Vrac’n Roll qui mettait la clé sous la porte. « Nous n’avons pas réussi à trouver notre équilibre économique assez rapidement », explique Sarah Benosman, fondatrice du premier drive bio et zéro déchet né en 2016 et basé à Lyon (69). La baisse de la consommation de produits bio et en vrac ainsi que la concurrence effrénée liée à l’ouverture de nouveaux points de vente ont scellé le sort de l’entreprise. « Il y a encore une chance que l’activité de Vrac’n Roll soit relancée suite à la vente aux enchères programmée le 17 mai, espère Sarah Benosman. La marque Vrac’n roll, le site web, le brevet sur notre colis réutilisable, ainsi que tous nos autres actifs pourront être rachetés par le même organisme ».
La marque Druydès tire également sa révérence après une période de redressement durant laquelle la dirigeante Fanny Preney a décidé de cesser la production pour la déléguer au Laboratoire Kalon (activité à façon lancée récemment par Endro Cosmétiques). La liquidation a finalement été prononcée le 14 mars. « Après 6 ans de travail, de colis, d’aventures, de souvenirs et malgré tous nos efforts l’aventure s’arrête là pour nous », publiait la marque dans la foulée de l’annonce du tribunal de commerce. Plusieurs repreneurs se seraient manifestés selon Fanny Preney.
Lamazuna peut encore y croire
Dernier exemple de cette recension : la signature incontournable du zéro déchet, Lamazuna qui vient quant à elle d’être placée en redressement judiciaire. La société dispose d’une période d’observation de six mois renouvelable pour montrer qu’elle est en capacité de se refaire une santé. Et ça part plutôt bien puisque la semaine dernière, Laëtitia van de Walle fondatrice de la marque au zèbre annonçait un nouveau partenariat avec WHSmith, une chaîne de boutiques implantées dans les principaux aéroports européens. De quoi arriver plus armée lors de sa prochaine rencontre avec l’administrateur judiciaire qui décidera des suites à donner à la procédure. Verdict, le 28 juin prochain.
Le premier réseau d'épiceries vrac en France, géré par la société My Retail Box, n’échappe pas à la crise qui secoue le secteur. Après plusieurs belles années de croissance, day by day annonce un chiffre d’affaires en recul de 26 % en 2022. « Cette crise a été très difficile pour les magasins qui ont ouvert après l’été 2019 et qui n’ont pas eu le temps de fidéliser leur clientèle », explique Didier Onraita, co-fondateur de l’enseigne née en 2013 et qui annonce une quinzaine de fermetures sur 2022. Fort du rachat des 14 épiceries Mademoiselle Vrac en février, le dirigeant croît à la reprise en 2023. « La courbe commence à s’inverser cette année. La fréquentation, qui avait chuté de 30 % à la réouverture des restaurants au printemps 2021 [suite à la levée des restrictions sanitaires liées à l’épidémie de Covid, ndlr], augmente de 6 % tous les mois depuis le début de l’année », affirme Didier Onraita.