Réforme de la Pac : les acteurs de la bio montent au créneau
Les acteurs de la bio spécialisée se sont réunis en nombre mercredi 2 juin à Paris pour manifester contre les derniers arbitrages du gouvernement qui voient les aides aux exploitations certifiées AB diminuer substantiellement dans le cadre de la future Pac.
« Je serai présent aujourd’hui à Paris en soutien aux paysan.ne.s bio dont le gouvernement organise la disparition pure et simple ». Comme Claude Gruffat, député européen écologiste et ancien président de Biocoop, plusieurs centaines de manifestants ont défilé mercredi 2 juin à l’appel de la Fédération nationale d’Agriculture biologique (Fnab) pour dénoncer les récents arbitrages des pouvoirs publics en matière de soutien aux exploitations certifiées bio.
Diminution programmée des aides
Dans la ligne de mire des participants, la décision prise par le ministère de l’agriculture de diminuer les aides qui seront attribuées aux exploitants convertis à la bio dans le cadre du déploiement de la future PAC qui s'appliquera à partir de 2023. Une décision qui trouve sa traduction dans le plan stratégique national que la France doit remettre la fin de l’année à la Commission européenne au même titre que les autres Etats membres.
Les aides accordées à ces exploitations diminueraient de 66 % par rapport à 2019 estime la Fnab, soit en moyenne 132 euros par hectare en moins. « Il faut que le ministre reconsidère les premières propositions sur la table, qui sont inacceptables et inéquitables », déclarait en mai à l'AFP Guillaume Riou, président de la Fnab. Des propositions qui selon lui « ne règlent en rien la question de la transition agricole vers des modes de production plus respectueux de l'environnement ».
L’enfumage du label HVE
L’alignement des aides au secteur de la bio à celles des aides destinées aux exploitations certifiées HVE est un autre irritant pour les acteurs de la bio spécialisé. Cet arbitrage constitue, selon la Fnab, « une insulte aux agricultrices et agriculteurs bio ». Sollicité sur le sujet par Circuits Bio, Didier Perréol, président du Synabio ne décolère pas, lui non plus. « Ce label, ce n’est ni plus ni moins que de l’enfumage. La proximité du lobby de l’agrochimie et du monde politique devient de plus en plus flagrante. Avec cette certification, les pouvoirs publics mentent aux consommateurs ».
Agricultrices et agriculteurs, représentants de la profession, associations de défense de l’environnement, politiques… La manifestation parisienne a réuni des acteurs en provenance d’horizons très divers. « On est ici avec la Fnab et la Confédération paysanne pour protester contre les arbitrages du gouvernement sur la réforme de la PAC qui déshabillent complètement la filière bio, témoigne un exploitant interrogé en marge de la manifestation. J’ai touché cette année 50 000 euros de prime. Avec la réforme de la Pac, je vais perdre 20 000 € par an ».
Biocoop souligne son indignation
A noter également la présence de l’enseigne Biocoop qui dans un communiqué publié la veille de la manifestation dénonce elle aussi « la baisse drastique et continue du revenu agricole, la disparition progressive des fermes françaises [ou encore] l’effondrement catastrophique de la biodiversité ». Et le numéro un de la bio spécialisée de conclure : « le système productiviste privilégié au travers des aides à l’hectare n’est plus possible désormais ». C’est pourtant la voie que le gouvernement français souhaite visiblement continuer d’emprunter.