Prévention santé : la bio fait ses preuves

16 novembre 2020 - Erwan Le Fur

Une étude française publiée récemment portant sur plus de 30 000 personnes suivies entre 2014 et 2019 montre qu’une alimentation riche en produits biologiques est associée à une diminution de 35 % du risque de développer un diabète de type 2

L’absence de pesticides dans les aliments bio serait l’un des facteurs expliquant la diminution du risque de développer un diabète de type 2.

Les bienfaits de l’agriculture biologique pour l’environnement ne sont plus à démontrer. L’argument santé est moins fréquemment mis en avant. Les résultats d’une étude publiée lundi 9 novembre dans l’International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity confirment de façon solide que la consommation de produits labellisés AB est susceptible d’apporter de réels bénéfices en la matière.

Les auteurs se sont plus particulièrement intéressés au risque de développer un diabète de type 2 qui serait réduit de plus d’un tiers chez les adeptes d’aliments biologiques par rapport à ceux qui en consomment le moins. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont épluché les données de la cohorte NutriNet-Santé, une base unique en son genre qui regroupe les informations sur les habitudes alimentaires de près de 170 000 Français volontaires.

Haro sur le diabète de type 2

L’étude dont il est question a porté sur plus de 30 000 personnes parmi ces 170 000, qui ont accepté de répondre à un questionnaire très détaillé sur leur alimentation. « Cela nous a permis d’avoir une estimation très fine de la quantité de chaque type de produit consommé : produits végétaux, animaux, bio ou non, etc. », explique l’épidémiologiste Emmanuelle Kesse-Guyot de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), principale auteure de ces travaux, interrogée dans les colonnes du quotidien Le Monde.

Les scientifiques ont réparti les participants en cinq groupes en fonction de la proportion de produits bio contenus dans leur régime alimentaire. La cohorte, d’une moyenne d’âge d’environ 53 ans, a été suivie de 2014 à 2019. A l’issue de cette période, près de 300 cas de diabète au total ont été enregistrés, avec un risque diminué de 35 % dans le groupe le plus consommateur d’aliments biologiques par rapport à celui incluant les personnes les moins adeptes.

Plusieurs facteurs d’explication

Pour expliquer ces résultats, les chercheurs évoquent les apports plus importants en nutriments anti-oxydants liés à la consommation de produits bio ainsi que le profil spécifique de ce régime en acides gras, plus protecteur vis-à-vis de l’insulino-résistance.

« Une troisième hypothèse, peut-on lire dans l’étude, tient au fait que les produits bio contiennent moins de résidus de pesticides synthétiques en raison des règles qui bannissent ces molécules pendant la production, le stockage et la transformation des aliments ». De fait, le lien entre la présence de ces substances dans l’organisme et le développement d’un diabète de type 2 est aujourd’hui largement documenté.

Le cancer également dans le viseur

En 2018, une autre étude publiée dans le Journal of the American Medical Association Internal Medecine, s’appuyant elle aussi sur le suivi d’une population isolée de la base de données NutriNet-Santé (période allant de 2009 à 2016) a montré que le risque de cancer – tous types confondus – était diminué de 25 % chez les habitués des produits affichant le label AB en comparaison des consommateurs plus occasionnels.

« Moins de cancers, et maintenant moins de diabète, analyse Le Monde : publication après publication, les données issues de la cohorte NutriNet-Santé ne cessent de suggérer de nouveaux bénéfices sanitaires liés à la consommation des produits issus de l’agriculture biologique ». Une pierre dans le jardin de l’alimentation conventionnelle…