Moulin des Moines renaît de ses cendres

31 août 2022 - Propos recueillis par Erwan Le Fur

Intégralement détruit par un incendie le 5 août dernier, le site historique de Moulin des Moines devrait renaître de ses cendres d’ici deux ans environ. En attendant, ses équipes ferraillent pour remettre en circuit les références qui peuvent l’être. Le point sur la situation avec Christophe de Saint-Pierre, directeur commercial du groupe familial basé à Krautwiller (67).

Circuits Bio – Que s’est-il passé dans la soirée du 5 août ?

Christophe de Saint Pierre – Il est encore trop tôt pour l’affirmer de façon certaine tant que les expertises ne sont pas bouclées mais on pense que le feu a pris dans le poste d’accueil de l’entrepôt où se trouvent de nombreux appareils électriques. Un arc s’est probablement formé ce qui a enclenché une flammèche au niveau des câbles qui s’est ensuite propagée pour atteindre les palettes en premier lieu. C’est un automobiliste qui peu avant 21h00 a prévenu les pompiers et la gendarmerie. Le temps que les secours arrivent et déploient leur matériel, l’incendie s’est aggravé et ils n’ont pu le contenir. A minuit les 16 000 M2 de l’entrepôt étaient partis en fumée.

CB – Quel a été l’impact de cet incendie sur votre activité ?

CSP – Il a été majeur. La destruction de l’entrepôt nous a privés de la capacité de produire les deux tiers de nos références (sur un catalogue qui en compte 2000 en tout), les farines notamment ou encore les pâtes alimentaires. Le bâtiment comprenait aussi une zone de stockage de l’ensemble de nos produits et de nos emballages qui ont intégralement brulé ainsi qu’une ligne d’ensachage des céréales, des flocons, des mueslis ou encore des légumineuses. L’informatique a également été touchée. Nous disposons d’un back-up sur un autre site du groupe ce qui a permis de récupérer certaines données mais pas toutes. Le service marketing par exemple a tout perdu.

CB – Comment êtes-vous parvenu à récupérer si vite une partie de votre capacité de production ?

CSP – Nous nous sommes appuyés sur les sites de fabrication de chocolat et de galettes qui sont situés non loin du siège historique du groupe que nous avons réaménagés avec un espace de stockage et de picking de 2000 M2. A l’étage, nous avons également installé de nouveaux bureaux pour accueillir nos collaborateurs. Moulin des Moines s’est par ailleurs doté d’un moulin ad hoc ce qui nous permet de proposer plusieurs références de farines en 25 kg. Au total, 120 sont déjà disponibles depuis la fin du mois d’août soit environ 10 % de ce qu’on produisait avant l’incendie. Très rapidement de nouvelles références vont s’ajouter. On aura une meilleure visibilité sur notre capacité à reprendre l’ensachage dans le courant du mois de septembre tout comme on devrait retrouver la capacité de produire dans la meunerie du moulin qui n’a pas été détruite par l’incendie. On pourra alors proposer une plus large gamme de farines.

CB – Quelles sont les intentions de Moulin des Moines quant à son site historique ?

CSP – L’objectif est de reconstruire, bien entendu. Les plans sont déjà prêts. Ce site, qui du reste a déjà brulé en 1996, c’est l’ADN de la famille Meckert, son histoire intime. Il ne pouvait pas en être autrement. On va construire un entrepôt plus malin et plus intelligent et on estime que la nouvelle usine devrait être opérationnelle dans un délai d’environ deux ans.

CB – Que peuvent faire les distributeurs pour vous accompagner ?

CSP – Je souhaite d’abord saluer tous les messages d’encouragement que nous avons reçus de la part des acteurs et des distributeurs notamment. Après, dans la réalité des échanges ça peut rester tendu en fonction des desiderata des uns et des autres et de notre capacité encore limitée à les satisfaire. Ça peut se comprendre dans le contexte économique actuel qui voit tous les acteurs mis sous pression. Pour l’heure, les distributeurs peuvent nous accompagner en nous sollicitant sur les références qu’on est en mesure de livrer. Je pense par exemple à notre gamme de chocolats de Noël qui sont disponibles en précommande pour cette période festive ou encore pour Pâques. Je pense également à notre gamme de jus qu’on propose depuis qu’on a racheté le pressoir Jus Nature il y a deux ans. Ces produits sont encore peu visibles en magasin. C’est une gamme qui peut prendre sa place. Il est aussi plus aisé pour nous de répondre à des commandes monoproduit et monopalette plutôt que d’avoir à faire du picking multiproduits alors que de nombreuses références ne sont plus disponibles. On espère enfin que les espaces en magasin qu’on n’occupe plus depuis l’incendie et la destruction de nos stocks seront préservés quand on aura recouvré notre capacité de production.