Le label HVE (à nouveau) pointé du doigt
Une étude menée conjointement par les ONG Greenpeace, WWF et Basic, publiée le 28 septembre, conclut une nouvelle fois à l’absence d’intérêt de la démarche Haute valeur environnementale (HVE). Un nouveau caillou dans la chaussure des pouvoirs publics qui s’obstinent dans leur décision d’ouvrir les aides de la PAC aux exploitations qui ont opté pour cette certification.
Nous en parlons dans le numéro de Circuits bio qui vient de paraître (N°8, sept.-oct. 2021) : le label HVE, créé en 2011, ne présente qu’un faible intérêt environnemental et ne permet pas de sélectionner des exploitations vertueuses pour la planète et les hommes.
Une certification sans intérêt environnemental
C’est l’Office français de la biodiversité (OFB), lui-même qui l’écrit en s’appuyant sur une analyse détaillée du cahier des charges de la certification menée en 2020 : « Cette certification ne devrait pouvoir être prise en compte dans le cadre de politiques publiques environnementales ou en tant qu’argument de commercialisation sans tromperie du consommateur qu’à la condition d’une révision profonde des critères d’éligibilité ».
Une étude réalisée par Greenpeace, WWF et Basic, portant sur onze labels alimentaires et publiée le 28 septembre, tout aussi sévère, conclut que « les démarches partageant le socle de la certification environnementale (Agri Confiance, HVE et Zéro résidu de pesticides) sont celles ayant les effets positifs les plus faibles et les moins avérés ». A l’inverse, les labels AB, Bio Equitable en France, Demeter et Nature & Progrès présentent les plus forts bénéfices environnementaux et socio-économiques, selon les auteurs de cette étude.
Les cahiers des charges passés au crible
Pour arriver à ces conclusions, ces derniers ont mis au point à partir d’une large revue de la littérature scientifique une grille d’analyse qui répertorie les 14 principales problématiques environnementales et socio-économiques à l’origine de la dégradation des systèmes alimentaires (dégradation des sols, érosion de la biodiversité, pertes et gaspillage, bien-être animal, conditions de travail, etc.). Les auteurs ont ensuite confronté cette grille avec le cahier des charges de chaque label en évaluant sur une échelle de 1 à 5 les bénéfices environnementaux et socio-économiques qu’ils apportent.
Sans surprise le label HVE obtient la note minimale là où les démarches inspirées du cahier des charges de l’agriculture biologique affichent des évaluations qui vont de 3 à 5 (voir ci-dessus). Pour les tenants d’une agriculture plus vertueuse, il est donc incompréhensible que les deux labels soient placés sur le même pied d’égalité dans le plan de stratégie nationale que le gouvernement entend proposer à la Commission européenne. Ce document qui sera remis à la fin de l’année vise à préciser les intentions de la France à propos du fléchage des aides liées à l’amélioration des pratiques agricoles dans le cadre de la future PAC.
Un gaspillage coupable d’argent public
« Le gouvernement a bien annoncé la révision du cahier des charges HVE, convient Joseph D’hallouin, chargé de campagne agriculture de Greenpeace France. Sauf que cette révision ne sera effective qu’en janvier 2023 et qu’on a aucune garantie sur les modifications qui seront apportées ». Les trois ONG environnementales invitent le gouvernement à revoir sa copie. « Notre étude n’est pas la seule à soulever cette problématique. Elle vient redonner un coup de marteau sur un clou déjà bien enfoncé. Il est plus qu’urgent d’avoir une discussion ouverte et une remise à plat sur ce sujet-là ».
Arnaud Gauffier, directeur des programmes du WWF France de poursuivre : « En plaçant le label HVE dont les bénéfices environnementaux sont quasi inexistants au même niveau que le label bio pour identifier les exploitations ayant droit aux aides vertes de la PAC, on va distribuer de l’argent public à des agriculteurs dont les pratiques n’apportent aucune valeur ajoutée. C’est un véritable problème et c’est clairement du gaspillage d’argent public ». Le message sera-t-il entendu par les pouvoirs publics ? « On l’espère tous autour de cette table », conclut Joseph D’hallouin.