Le cri d’alerte de la filière bio face au désengagement de la GMS

30 novembre 2022 - Léa Lesurf

Dans une lettre ouverte à destination de Leclerc, Carrefour et consorts, le Synabio, la Fnab ainsi que Forébio en appellent à la responsabilité des enseignes de grande distribution pour ne pas mettre en péril la filière bio.

BFMTV, Le Figaro, Le Point, Ouest France, France Culture… Les retombées dans la presse généraliste de la lettre ouverte signée par le Synabio (syndicat des entreprises bio), la Fnab (Fédération nationale des agriculteurs biologiques) et de Forébio (Fédération des organisations économiques de producteurs 100 % bio), sont nombreuses ces dernières 24 heures.

Le désengagement de la GMS pointé du doigt

L’objet de cette missive, adressée aux dirigeants de Leclerc, Carrefour, Système U, Cora, Casino, Intermarché ainsi qu’Auchan, ne souffre d’aucune ambigüité. Dans un contexte de recul des ventes de produits labellisés AB qui dure depuis un an, les trois co-signataires reprochent aux enseignes d’alimenter cette tendance baissière en se désengageant du marché bio. Parmi les faits qui lui sont pointés : le démantèlement des équipes dédiées à l’offre bio, la mise en avant d’une « offre durable » aux contours flous et concurrente des produits bio mais aussi et surtout, l’appauvrissement des assortiments.

Selon IRI, le nombre de références a reculé de 7,3 % depuis janvier 2022, une chute « plus rapide que la baisse effective de la consommation de produits bio, mesurée à -5% sur la même période ». Un décalage qui selon les trois organisations risque d’amplifier le recul de la demande. « En effet, moins les produits bio sont mis en avant, moins les consommateurs sont incités à les acheter », s’inquiètent les co-signataires.

La pérennité de la filière en question

Au-delà de la baisse des ventes, c’est toute la filière bio qui pourrait être en péril. « On aura des agriculteurs qui au mieux vont se déconvertir, au pire arrêter leur activité », déplore Mathieu Lancry, le président de Forébio interrogé le mardi 30 novembre sur France Culture. De quoi anéantir les efforts et les investissements des pouvoirs publics et de l’Europe ces dix dernières années dans le développement de l’agriculture bio en France et en Europe.

Face à ce risque de déstructuration des filières bio, les trois organisations demandent à la grande distribution de maintenir la visibilité et l’attractivité de l’offre bio en magasins. « Compte tenu de votre rôle central dans cette transition de notre modèle agricole et alimentaire, nous comptons sur votre engagement à nos côtés pour préserver les acquis de la bio et continuer à la promouvoir auprès de vos clients », lancent-elles.