L’addition s’annonce salée pour Probiolor. Actuellement en pleine négociation avec son fournisseur d’énergie, Enercoop, la facture d’électricité de la coopérative céréalière pourrait passer de 70 000 € sur la campagne 2021-2022 à 300 000 € sur 2022-2023. L’échéance du contrat, initialement prévue le 15 octobre de cette année, a été repoussée au 31 octobre pour poursuivre les négociations.
Pas de bouclier tarifaire
Pour l’entreprise de Meurthe-et-Moselle et ses 25 salariés, c’est la douche froide. Car Probiolor ne peut pas prétendre aux aides du gouvernement mises en place face à la hausse des prix de l’énergie. « Les sociétés pouvant bénéficier du bouclier tarifaire sont celles de moins de 10 salariés et dont le chiffre d’affaires est inférieur à deux millions d’euros ou celles dont les charges d’électricité sont supérieures à 3 % du chiffre d’affaires. Ce n’est pas notre cas », déplore Aurélie Huvenne, co-directrice de Probiolor.
Créée en 1991, la coopérative 100 % bio et équitable a connu sur la dernière décennie une très forte croissance de son activité, tirée par le dynamisme du marché bio en France. Aujourd’hui, elle écoule 30 000 tonnes de céréales, pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros, contre 4 millions d’euros six ans plus tôt. Depuis 2018, elle a investi plus de 10 millions d’euros pour s’installer sur le site de Vézelize (54) et augmenter ses capacités de stockage.
Vers une baisse de la rémunération des paysans ?
« Nous sommes une coopérative bio depuis 30 ans. Toutes nos investissements et nos dépenses sont maîtrisés. Nous ne pouvons pas absorber une telle flambée des prix sur ce poste », affirme Aurélie Huvenne. Pas simple non plus de répercuter une telle augmentation des charges sur les prix de vente des céréales, d’autant plus dans un contexte où le marché bio est à la peine.
« Certains de nos clients transformateurs ont une forte pression de la part des distributeurs pour contenir l’inflation », explique Frédéric Mony, co-directeur de la coopérative. « Si on augmente trop les prix, ils seront incités à aller voir ailleurs », poursuit le dirigeant. L’autre variable d’ajustement serait à trouver du côté de l’amont, en baissant de 10 % le prix d’achat des céréales au paysan, donc leur rémunération. « Ce serait la double peine pour nos adhérents car eux aussi font face à des augmentations de charges. Ce n’est pas acceptable ». A terme, le risque pourrait être de voir l’activité de la coopérative baisser, voire de fermer le site.
Appel au gouvernement
Face à cette impasse, Probiolor en appelle au gouvernement pour trouver des solutions. « Beaucoup de petites industries sont dans notre cas. Ce n’est pas à nous de payer la spéculation autour des prix de l’énergie », s’exclame Frédéric Mony. Cette démarche est soutenue par Forébio, l’association des coopératives 100 % bio ainsi que par La Maison de la bio. Dans un communiqué conjoint, ces deux organismes alertent l’État français sur l’urgence à soutenir les producteurs bio. « Avec comme effet immédiat une diminution des capacités de stockage et de conservation, la hausse du coût de l’énergie entraînera bien à moyen terme un risque pour assurer la souveraineté alimentaire de la France », insiste la Maison de la bio.