« L’équipe de France de la bio doit se doter de moyens pour stimuler la demande »

11 janvier 2022 - Léa Lesurf

Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio, sollicite l’ensemble des interprofessions pour financer et mettre en place une communication de grande ampleur afin de stimuler la demande des consommateurs en produits biologiques.

Circuits Bio – L’année 2021 marque un net ralentissement des ventes dans les principaux réseaux de distribution des produits bio (GMS et magasins bio). Comment analysez-vous ce phénomène ?

Laure Verdeau - La demande marque le pas dans les deux principaux réseaux de distribution. Néanmoins je reste confiante car l’agriculture biologique répond aux attentes des Français sur la transition alimentaire. Je pense toutefois que les cartes sont en train d’être rebattues dans la ventilation des circuits. Mon ressenti est que la vente directe est de plus en plus dynamique, ainsi que l’artisanat avec les bouchers et les primeurs qui vendent une partie en bio.

CB - Quels leviers souhaitez-vous activer pour faire rebondir la consommation à domicile ?

LV - La bio n’a pas de budget de communication propre. Cela fait trois ans qu’en l’absence de financements européens, il n’y a pas de campagne nationale pour le grand public. Pour contrer le ralentissement du bio, le ministère de l’Agriculture nous a alloué 200 000 € supplémentaires. Toutefois, pour acheter de l’espace, en télé, radio ou affichage, répéter les messages et ainsi marquer les esprits, il faut des moyens de grande ampleur qui se chiffrent en millions. Nous réfléchissons donc avec les interprofessions à mettre en synergie une communication transversale à tous les produits bio. Il faut aujourd’hui que les interprofessions, mais aussi les distributeurs et tous les acteurs de la bio qui souhaitent faire du mécénat, nous aident à financer une action de communication collective pour stimuler la demande.

CB - Quel est l’état d’avancement de ce projet ?

LV - Cela fait déjà plusieurs mois qu’on en parle avec l’ensemble des interprofessions et nous avons rendez-vous au cabinet du ministre de l’Agriculture en fin de semaine pour s’organiser. Nous sommes déjà d’accord sur les cibles et les messages clés, nous devons maintenant nous mettre d’accord sur le budget qu’on souhaite consacrer collectivement à cette action.

CB - Quels messages souhaitez-vous faire passer ?

LV - Nous devons faire de la pédagogie auprès des consommateurs pour expliquer que la bio n’est pas qu’un mode de production exempt de pesticides. L’agriculture biologique fait bien plus. Elle est une réponse aux enjeux climatiques, aux attentes des Français sur le respect des cycles naturels et du bien-être animal. Elle est créatrice d'emplois puisque 12 % des fermes génèrent 18 % de l'emploi agricole, mais aussi source de juste rémunération car ancrée dans le commerce équitable. Enfin, elle est créatrice de lien avec le milieu agricole puisqu’une ferme bio sur deux fait de la vente directe contre une sur cinq seulement en conventionnel.