L’Eco-score et le Planet-score déploient leurs atouts

17 novembre 2021 - Magali MONNIER, Erwan Le Fur

Deux semaines après que les promoteurs du Planet-score ont lancé une expérimentation grandeur nature sur leur proposition de notation environnementale, La Fourche publie une étude conso portant sur la perception de l’Eco-score, label soutenu par le pure player bio. Chacun espère faire fléchir le gouvernement dans sa décision finale.

La Fourche a publié le 16 novembre une étude visant à recueillir le ressenti de ses utilisateurs à propos de l’Eco-score après six mois d’affichage sur le site du pure player de la bio. Pour rappel, ce label a été présenté en janvier 2021 par La Fourche et plusieurs autres acteurs (Yuka, Marmiton, Open Food Facts, etc.) suite à l’appel à candidatures lancé par l’Ademe dans le cadre de la loi AGEC (lire encadré ci-contre). Il s’appuie notamment sur l’analyse du cycle de vie de la base environnementale Agribalyse, conçue par l'Agence de la transition écologique (Ademe).

Une démarche bien comprise

Parmi les principaux enseignements de cette étude, menée en août auprès d’un échantillon de 956 personnes, La Fourche retient qu’une large majorité (70 %) des répondants reconnaît facilement l’Eco-score et comprend son fonctionnement. Près des deux tiers estiment par ailleurs que la performance environnementale d’une denrée alimentaire est un critère d’achat important ou très important et plus d’un quart renoncent à se procurer le produit si son Eco-score est trop faible.

Sauf que cet indicateur est loin de faire l’unanimité dans la profession. Ses détracteurs, parmi lesquels nombre d’acteurs et d’organisations du réseau spécialisé comme le Synabio et le Synadis Bio, estiment que la méthode de calcul associée à ce label comporte encore trop de biais et de lacunes. Elle ne tient par exemple pas compte de l’impact des pesticides sur la biodiversité et la santé humaine ou encore du bien-être animal.

Le Planet-score bientôt en ligne

D’où le lancement en juin dernier du Planet-score, une proposition alternative portée par l’Institut technique de l’agriculture et de l’alimentation biologiques (Itab), censée corriger ces manquements. Pour conforter son lancement, l’UFC Que Choisir a réalisé en juin une étude menée auprès de 1 000 consommateurs. Résultat : le Planet-score arrive largement en tête des logos privilégiés par les consommateurs, parmi cinq propositions d’étiquetage environnemental dont l’Eco-score.

A la fin du mois d'octobre, les promoteurs du Planet-score se sont donc lancés à leur tour dans une expérimentation grandeur nature visant à afficher cet indicateur sur 1 000 références. L’objectif ? apporter de la visibilité à cette démarche et démontrer qu’elle peut être rapidement déployée par les acteurs désireux de donner de la transparence sur leurs produits.

En tout, une quarantaine de fabricants et onze enseignes (cf. liste ci-dessous) ont fourni l’ensemble des données nécessaires afin que l’institut établisse le Planet-score de chacune de ces références. Les premiers logos devraient faire leur apparition avant la fin du mois de novembre sur les sites des participants à l’expérimentation. Avec, dans le viseur des animateurs de cette démarche, la publication d’une étude conso à l’image de celle que vient de publier La Fourche.

Une décision politique avant tout

Qui de l’Eco-score ou du Planet-score emportera la mise ? Ni l’un ni l’autre a priori, répond Flore Nougarede, ingénieure expérimentation affichage environnemental sur les produits alimentaires à l’Ademe. « Nous allons co-construire ce futur affichage à partir de l’ensemble des contributions en reprenant des éléments proposés au cours des travaux ». Charge ensuite au législateur de trancher.

Bien qu’il soit trop tard pour influencer les conclusions et les préconisations générales que remettra l’Ademe au Parlement en décembre, les tenants du Planet-score espèrent avec l’expérimentation récemment lancée se faire entendre des pouvoirs publics.

Les enjeux sont importants estime Sabine Bonnot, présidente de l'Itab, qui assure le pilotage stratégique du dossier. « Pour les acteurs de la bio et plus globalement pour tous les acteurs engagés dans des démarches vertueuses, c’est une zone de risque mais aussi une opportunité, précise-t-elle. Des choix stratégiques sont en train d’être opérés. Il est donc essentiel de donner à voir l’intérêt que présente le Planet-score, à la fois pour sa méthode d’évaluation très complète, et pour son format d’affichage réellement informatif que préfèrent largement les consommateurs puisque leur préoccupation principale est justement de s'assurer de l'absence de greenwashing ».

Affaire à suivre...