Les Assises nationales du commerce équitable, un évènement organisé par le réseau Commerce Equitable France, ont réuni près de 300 participants le jeudi 25 novembre à Paris. A cette occasion, les différents acteurs de la filière (transformateurs, distributeurs, associations de consommateurs et institutions) ont formulé quelques pistes concrètes, soumis aux votes des participants, pour faire avancer le commerce équitable en France.
Un contrat équitable entre transformateurs et distributeurs
La proposition d’un contrat équitable certifiant la relation entre transformateurs et distributeurs est celle ayant remporté le plus de suffrage parmi l’auditoire. Elle est portée par Christophe Audouin, le président des Prés Rient Bio, lequel s’est inspiré du travail engagé par Biocoop, récemment mis en lumière au travers de sa filière yaourt au lait de brebis. « De nombreux transformateurs n’osent pas se lancer dans une certification équitable par crainte de ne pas pouvoir préserver la valeur de cette relation avec leurs clients distributeur. Nous souhaiterions que les transformateurs qui font du commerce équitable avec l’amont puissent bénéficier d’un contrat miroir avec l’aval », précise-t-il.
La proposition, qui va dans le sens de la loi Egalim 2 pour offrir plus de transparence sur toute la chaîne de valeur, était de nature à faire réfléchir les distributeurs présents. Invité à témoigner, Biocoop et Monoprix font figure de prescripteurs sur le sujet. « Notre stratégie est claire : nous visons le 100 % équitable », affirme Pierrick de Ronne, le président de Biocoop dont 25 % du chiffre d’affaires est aujourd’hui réalisé par des produits équitables. A l’horizon 2023, l’enseigne entend d’ailleurs intégrer un collège de transformateurs dans sa gouvernance.
Monoprix n’est pas en reste. « Depuis 2018, on a changé de braquet en sortant de la logique de niche et en massifiant le commerce équitable », explique Karine Viel, directrice développement durable chez Monoprix. Depuis 2018, l’enseigne a basculé la totalité de ses bananes, cafés et tablettes de chocolat sous une certification équitable. Cette année, ce sera au tour des thés et infusions. « Nous ne laissons plus le choix aux consommateurs, le commerce équitable ne doit plus être une option sur certains produits ».
Une politique publique volontariste
Si la nécessité de clarifier les promesses du commerce équitable en simplifiant les labels, qui sont aujourd’hui au nombre de sept, reste cruciale pour certains acteurs, les pistes d’action visant l’adoption de politiques publiques plus volontaristes ont également remporté un grand nombre de voix pour inciter les Français à consommer équitable.
Les intervenants souhaitent en effet s’attaquer au prix des produits. Trois pistes pour cela : utiliser la fiscalité et les taxes, via un système de bonus-malus qui soutiendrait le commerce équitable par rapport aux produits classiques, utiliser les coûts cachés, sociaux et environnementaux, pour orienter les subventions publiques et enfin créer un fond géré par l’Etat, sur le modèle du Fond Avenir Bio dispensé par l’Agence Bio, pour structurer la filière.
Un véritable appel du pied à Julien de Normandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Invité en introduction de cette journée, il a tenu à rappeler que « le commerce équitable constitue une réponse aux enjeux de notre agriculture », et qu’il suivrait avec attention toutes les propositions. Il n’y a plus qu’à.