L’inaction du gouvernement face à la crise du secteur bio continue de susciter la colère et l’indignation parmi les défenseurs de l’agriculture biologique. En témoigne la forte mobilisation autour de la pétition « stop-mépris.bio ». Lancée début mars en réaction au plan de sauvegarde annoncé de la première ministre Elisabeth Borne par Simon Le Fur, co-fondateur du grossiste Aventure Bio, Jean-Christophe Bernard co-fondateur de la société Morice desserts et Philippe Delran, éditeur de la revue BioLinéaires, la pétition éponyme totalise aujourd’hui près de 63 000 signataires.
Pour rappel, le plan proposé fin février par le gouvernement prévoyait une enveloppe de 10 millions d’euros uniquement pour soutenir les agriculteurs biologiques. « Ce montant équivaut à seulement 160 euros par ferme biologique, alors que l’agriculture conventionnelle a reçu 2,37 milliards d’euros [au travers des différentes aides proposées par le gouvernement pour les filières conventionnelles en 2022 et 2023, ndlr], soit plus de 4 000 € par exploitation », déplore Simon Le Fur.
Une pétition relayée par plus de 1000 points de vente
Sur le terrain, le collectif est soutenu par plus de 1 000 magasins bio en France toutes enseignes confondues (Biocoop, Naturalia, Satoriz, Accord Bio, Biomonde, Le Grand Panier Bio, etc.), par les sites de e-commerce bio comme Greenweez et La Fourche, ainsi que par de nombreux opérateurs de l’aval, grossistes (Relais Vert, Biodis, etc.) et industriels. Plusieurs médias grand public (BFM.TV, La Provence, Reporterre, ou encore Sud Ouest) ont également relayé l’opération. Le journaliste Hugo Clément prévoit par ailleurs de consacrer une émission complète de « Sur le front » à la filière bio en mai ou juin sur France 5. Le collectif espère atteindre les 100 000 voix cet été.
L’objectif ? « Amplifier le signal d’alerte de la filière pour qu’il soit entendu par les organisations institutionnelles ou politiques au niveau national », plaide Simon Le Fur. Avec l’espoir d’obtenir un plan de soutien plus « juste et adapté » pour une filière qui représente aujourd’hui 20 % de l’emploi agricole et dont les bénéfices pour la société, en termes de santé et d’environnement, ont été largement rappelés dans le rapport publié en juin 2022 par la Cour des comptes.
La Maison de la Bio et la FNSEA au secours de la bio
La Maison de la Bio (organisation représentant 10 000 entreprises du secteur) a quant à elle adressé le 11 avril un courrier à Elisabeth Borne. Elle demande au gouvernement de changer de politique afin de « tenir ses engagements » face aux objectifs fixés par le plan Ambition Bio 2017-2022. Lesquels sont loin d’être atteints selon ce même rapport de la Cour des Comptes. « Il est temps que le gouvernement clarifie ses intentions, nous pensons encore pouvoir l’accompagner pour faire de l’agriculture biologique un levier de l’autonomie et un vecteur de développement durable de pour notre pays », affirme Pierrick de Ronne, président de la Maison de la Bio et de l'enseigne Biocoop, ainsi que signataire de la pétition.
Même le nouveau président de la FNSEA Arnaud Rousseau estime que le plan de 10 millions d’euros proposé par Elisabeth Borne « n’est pas à la hauteur des enjeux ». Interrogé au micro de France Info le 14 avril dernier, l’élu du premier syndicat agricole français a réclamé au gouvernement une enveloppe de 50 à 100 millions d’euros pour soutenir les agriculteurs bio. « Avant de viser les 18% [de la surface agricole utile en 2027 selon les objectifs du gouvernement, ndlr], sauvons déjà les entreprises qui en ce moment sont dans une difficulté majeure », a défendu Arnaud Rousseau.