Congrès mondial de la bio : vers un nécessaire changement d’échelle
Décalé d’une année en raison de la crise sanitaire, le Congrès mondial de la bio se déroule cette semaine à Rennes jusqu’au 10 septembre. Il réunira environ 2 500 participants parmi lesquels des scientifiques, des industriels, des distributeurs ou encore des politiques. Circuits Bio a interrogé Jean-Marc Lévêque, président du congrès et directeur du développement durable chez Triballat Noyal.
Circuits Bio – Qu’attendez-vous de la tenue du congrès mondial de la bio ?
Jean-Marc Lévêque – L’objectif principal de cet événement est d’amener les participants à s’arrêter un moment et à partager ce que chacun a pu découvrir, apprendre ou faire en lien avec l’agriculture biologique. On espère que ces échanges, entre scientifiques, industriels, distributeurs ou encore politiques, pourront contribuer à enclencher un changement d’échelle afin que ce mode de production continue de se développer et de produire ses effets bénéfiques pour l’environnement.
CB – Dans quelle mesure l’actualité climatique a-t-elle impacté la programmation ?
JML – C’est évident que les enjeux liés au climat et à la biodiversité confèrent à ce congrès une note particulière. Les changements climatiques sont déjà à l’œuvre on l’a vu tout récemment avec les incendies qui ont dévasté plusieurs pays ou encore avec les inondations qui ont frappé le nord de l’Europe. La question de l’adaptabilité de nos modèles agricoles en bio notamment sera un sujet largement abordé à l’occasion des conférences et des présentations scientifiques qui auront lieu durant le congrès.
« Les institutions doivent devenir davantage responsables et actrices du changement »
CB – Ce temps fort a-t-il aussi vocation à faire bouger les lignes ?
JML – Oui, clairement. On souhaite que les politiques agricoles et alimentaires s’inspirent de ce que la bio peut apporter comme solutions. Ce congrès est pour nous l’opportunité de questionner les pouvoirs publics français sur leur réelle volonté à agir. On est arrivé à un nécessaire changement d’échelle pour la bio. Il n’est plus temps de causer, il est temps de faire. Il faut penser à demain et aux actions à mettre en œuvre pour nos enfants et nos petits-enfants. Les institutions doivent devenir davantage responsables et actrices du changement.
CB – Ce n’est pas le cas selon vous ?
JML – Barbara Pompili nous a apporté un soutien sans faille depuis le début de l’aventure de ce congrès. C’est aussi le cas de la région Bretagne. Du côté du ministère de l’agriculture en revanche, l’écho est poli, alors que le secteur doit relever rapidement d’immenses défis. Ce même ministère à qui les organisations professionnelles bio ont fait quantité de propositions dans le cadre de la préparation de la réforme de la Pac, et très peu furent retenues [lire à ce propos notre enquête dans le numéro 7 de Circuits Bio qui vient d’être publié, ndlr]. Notre volonté de faire progresser la bio reste néanmoins intacte intacte. Le congrès mondial de la bio doit signer le début d’un infléchissement positif des stratégies agricoles.