Epicerie

Christophe de Saint Pierre, directeur commercial du Moulin des Moines : « La demande en produits d’épicerie reste forte aujourd’hui, malgré la fin du confinement »

Le groupe familial et indépendant, à la tête de neuf entreprises en Alsace, n’a pas échappé à l’explosion de la demande sur les produits d’épicerie. Christophe de Saint Pierre, directeur commercial de Moulin des Moines, revient sur la gestion de la crise au sein de la société.

Christophe de Saint Pierre est le directeur commercial du Moulin des Moines depuis 25 ans. Propriété de la famille Meckert depuis neuf générations, ce groupe indépendant alsacien s’est développé à travers la création mais aussi l’acquisition de nombreuses entreprises locales. En 2019, le Moulin des Moines comptait 280 salariés, pour un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros.

Circuits Bio - Quel a été l’impact du confinement sur votre activité ?

Christophe de Saint Pierre - Nous avons vécu une histoire tout à fait extraordinaire. Dès les premiers jours du confinement, les magasins, qui habituellement nous commandaient un carton, se sont mis à nous demander une palette. Ceci multiplié par le nombre de points de vente avec qui nous travaillons. Nous avons enregistré un chiffre d’affaires en hausse de 65 % de mars à mai, mais nous aurions pu multiplier les ventes par deux ou trois si notre système de production nous l’avait permis. Les farines, les pâtes et le riz ont été très fortement demandés. Même chose pour notre eau minérale Celtic. Elle a bénéficié d’un climat de méfiance vis-à-vis de l’eau du robinet durant la crise. A l’inverse, les ventes sur les autres boissons ont chuté de 30 % et le vrac, de 20 %.

CB - Comment avez-vous réorganisé votre activité face à la hausse de la demande ?

CSP - Nous avons été confrontés à de vraies difficultés. Quelle entreprise peut, du jour au lendemain, multiplier sa production par trois, quatre ou cinq ? La crise sanitaire a été particulièrement difficile en Alsace. Elle nous a poussé à mettre en place des mesures sanitaires très strictes pour protéger nos équipes et à revoir tout notre fonctionnement. Historiquement, notre savoir-faire est axé sur les petites séries. Mais durant le confinement, nous avons privilégié les grandes séries afin de gagner en productivité. Les farines de seigle, riz ou de châtaignes ont été mises de côté pour écraser du blé. Nous sommes ainsi passés d’une production de 50 à 120 tonnes de farine par jour. Par ailleurs, nous avons arrêté certaines lignes de produits pendant un mois, comme les biscottes ou les biscuits. Elles ont repris depuis.

CB - La sortie du confinement a-t-elle été synonyme d’un retour à la normale ?

CSP - La demande en produits d’épicerie reste forte aujourd’hui, malgré la fin du confinement. Nous avons encore des commandes très importantes de la part des magasins. A tel point que la masse actuelle de commandes de l’entreprise ne sera pas absorbée avant le début du mois de juillet. De ce fait, nos délais de livraisons sont passés de 7 à près de 20 jours. Je pense que la demande va rester soutenue jusqu’à la fin de l’année. Tant que la restauration collective et le réseau des cafés, hôtels et restaurants ne retrouvent pas un fonctionnement normal, tant que les enfants resteront à la maison, il y aura un report sur la consommation à domicile.