Mercredi 28 février, au Salon international de l’agriculture (SIA) à Paris. La Fnab (Fédération nationale des agriculteurs biologiques) et la confédération paysanne ont symboliquement « enterré » le stand de l’Agence Bio avec une bâche de plastique noir. Au micro, les représentants de la filière bio dénoncent le mépris du gouvernement face aux difficultés que rencontrent le secteur. « Il y a deux poids deux mesures : les filières conventionnelles obtiennent des enveloppes significatives pour faire face à leurs difficultés conjoncturelles et une fois encore la bio est le parent pauvre du soutien public », déplore Philippe Camburet, président de la Fnab.
Une aide de seulement 166 € par ferme
A l’origine de leur colère, l’annonce faite discrètement par Elisabeth Borne au début du salon d’un plan de sauvegarde de 10 millions d’euros pour aider les agriculteurs bio. Les syndicats ont vite fait le calcul. Avec 58 000 fermes labellisées AB, cela représente seulement 166 € par exploitation. Une paille face aux rallonges accordées aux autres filières ces dernières semaines : 160 millions d’euros pour financer un plan de distillation de crise des viticulteurs, indemnisation « sans plafond » pour les betteraviers en cas de jaunisse, depuis la fin de la dérogation sur l’utilisation des néonicotïnoïdes, sans oublier les 270 millions d'euros débloqués pour la filière porcine l’an passé, alors même qu’elle compte moins de 10 000 élevages selon les derniers relevés de FranceAgriMer.
La semaine dernière, toute la filière bio (interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, coopération agricole, etc.) avait rencontré le ministre de l'agriculture, Marc Fesneau. Les agriculteurs ainsi que les représentants de l'aval, qui espéraient une annonce forte sur un plan de sauvegarde de la bio en France, ne cachent pas leur immense déception et leur indignation. « Le gouvernement reconnaît l’urgence et le besoin d’un plan de sauvegarde mais les réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux. On ne peut se satisfaire de mesures anecdotiques », explique Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne. « Nous attendons autre chose d'un gouvernement qui veut mettre en place une véritable politique de transition écologique », affirme Didier Perréol, président du Synabio, le syndicat des entreprises bio.
La Maison de la bio demande un soutien de 300 millions d’euros
Suite à l’annonce de la première ministre, la Maison de la bio a consulté ses adhérents, les six organisations Cosmebio, Forebio,Natexbio, Synabio, Synadiet et Synadis Bio, qui représentent au total plus de 7000 fermes bio sur le territoire. L’association demande ainsi au gouvernement une aide à la hauteur des enjeux, soit 300 millions d’euros. De quoi lui permettre, par la même occasion, d’atteindre les objectifs que l’Etat a lui-même fixé : 18 % de surface agricole utile (SAU) en bio en 2027 et 20 % d'aliments bio dans les cantines. Des chiffres loin d’être atteints aujourd’hui puisque selement 10 % des terres sont converties à l'agriculture biologique en 2021 et qu'il y a moins de 7 % de bio dans la restauration scolaire.
Les modalités et la répartition de cette somme restent bien entendues à définir. « L'État doit s'engager fermement pour soutenir et promouvoir la filière agricole bio à tous les niveaux, de la production à l'assiette. Cette aide ne doit pas se limiter à une simple aide d'urgence, mais faire partie intégrante d'un plan stratégique d'accompagnement à la structuration de la filière dans son ensemble », explique la Maison de la bio dans son communiqué.