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Affichage environnemental : les pouvoirs publics pressés d’en finir ?

1 février 2023 - Magali MONNIER

L’État souhaite déployer son propre affichage environnemental d’ici la fin d’année 2023 malgré les recommandations du Parlement et de plusieurs acteurs engagés qui appellent à prendre le temps d’affiner la méthode de calcul.

Rien ne sert de courir ! Les parlementaires et plusieurs acteurs, les porte-parole du Planet-score en tête, appellent les pouvoirs publics à ne pas se précipiter sur le sujet de l’affichage environnemental. Le ministère souhaite soumettre à concertation d’ici quelques mois un projet méthodologique qui aboutirait ensuite à un déploiement d’ici la fin d’année 2023.

Face à l’urgence climatique, ce calendrier pourrait sembler bienvenu. Encore faut-il que les méthodes de calcul définies soient fiables et pertinentes. C’est précisément là que le bât blesserait, selon plusieurs acteurs proches du dossier estimant sous couvert d’anonymat que les pouvoirs publics pencheraient plutôt pour une adoption à marche forcée. Au risque de statuer en faveur d’un affichage environnemental incomplet ou peu fiable qui serait trompeur pour le consommateur.

La pertinence de l’Eco-score remise en question

La Fédération européenne de l’agriculture biologique (IFOAM Organics Europe et l’association française des adhérents de l’IFOAM) vient d’ailleurs de saisir le tribunal judiciaire de Paris pour demander que cesse l’usage de l’Eco-score (porté par Yuka, Open Food Facts, etc.), « considéré comme déloyal à l’égard de la production biologique et déceptif pour les consommateurs », selon un communiqué publié dans la foulée de cette saisine.

Ses auteurs remettent en cause la méthode de calcul associée à ce logo qui s’appuie pour large partie sur la base de données Agribalyse et l’analyse du cycle de vie (ACV) de l'Agence de la transition écologique (Ademe). « Au lieu de lutter contre le greenwashing, des systèmes d’étiquetage comme l’Eco-score y contribuent en étant susceptibles de tromper les consommateurs sur la nature bio ou non bio des produits alimentaires sur lesquels il est affiché, et en favorisant les produits issus de l’agriculture intensive », argumente Jan Plagge, président d’IFOAM Organics Europe.

« Nous sommes lucides sur les limites de l’ACV et sur la nécessité d’intégrer des éléments complémentaires dans l’affichage environnemental », convenait Pascal Lagras, représentant du cabinet du ministère de la transition écologique, le 12 janvier dernier lors d’une conférence sur l’affichage environnemental organisée par le Collectif En Vérité à l’Assemblée nationale.

Le Planet-score va afficher trois nouveaux critères

Reste qu’aucune décision n’est pour le moment actée et que les débats continuent d’être vifs, notamment en ce qui a trait à la prise en compte des pesticides dans l’établissement du score. Si les pouvoirs publics ont indiqué leur intention d’être attentif sur ce sujet en particulier, l’intense lobbying dont ils sont l’objet de la part des industriels font craindre le pire aux tenants d’un affichage qui rendrait fidèlement compte de l’impact environnemental de chaque produit.

En attendant que l’État avance sur ces réflexions, le Planet-score continue de se déployer et de cumuler les preuves de sa pertinence auprès des consommateurs (lire encadré). D’ici quelques mois, il intégrera trois nouveaux critères sur l’origine des produits, l’aspect social et l’ultra-transformation. « C’est un enjeu de santé globale, celle de l’homme est étroitement liée à celle de l’environnement », conclut Sabine Bonnot, porte-parole du Planet-score.

 

Sondage BVA : 85 % des Français approuvent le Planet-score
Le 12 janvier dernier, le Collectif En Vérité, regroupant plus de 60 marques qui militent pour la transparence alimentaire, a présenté les résultats d’une étude consommateur réalisée par l’institut BVA au sujet de l’affichage environnemental et plus précisément du Planet-score. Ses résultats montrent que la présence du Planet-score sur les produits oriente bien les choix des consommateurs vers un arbitrage environnemental. Les Français sont 86 % à se déclarer intéressés par ce type d’affichage qu’ils jugent, pour 85 % d’entre eux, simple et facile à comprendre. Ces données confortent celles obtenues lors de précédentes études réalisées en France et en Europe durant les dernières années.