Scarabée Biocoop placé en redressement judiciaire

2 novembre 2022 - Léa Lesurf

Installée dans la capitale bretonne depuis 1983, la coopérative historique de distribution de produits bio vient d’annoncer son placement en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Rennes (35), le 26 octobre dernier. Explications.

C’est un coup de tonnerre dans le secteur de la bio spécialisée. Scarabée Biocoop acteur historique du secteur depuis 1983, qui compte 13 magasins dans la capitale bretonne et sa proche banlieue, vient d’être placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Rennes.

Les causes du redressement

« Le secteur de la bio est durement touché depuis plus d’un an et demi, explique la coopérative dans un courrier adressé à ses sociétaires disponible sur son site. Un changement d’habitudes de consommation à la sortie de Covid, un désamour de la bio au profit des produits locaux non bio, la confusion entraînée par des labels moins-disant comme HVE ou des logos dits solidaires, durables, etc., fort bien orchestrée dans l’objectif de faire croire que tous se valent, les conséquences du climat actuel sur le moral des Français avec la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie et du carburant nous ont impacté fortement ».

Depuis le début de l’année 2022, la fragilité financière de la coopérative n’était un secret pour personne. Sur le premier trimestre, Scarabée a pris des mesures drastiques pour tenter d’atténuer les effets de la crise avec la fermeture du restaurant d’un de ses trois plus gros points de vente et de deux de ses snacks. Son directoire a aussi décidé de clôturer l’activité du laboratoire de transformation charcuterie ainsi que de ses deux micro boucheries. Enfin, Scarabée a engagé une réorganisation totale de la coopérative et un plan de sauvegarde de l’emploi impactant 30 personnes sur un total de près de 250 salariés (reclassements ou licenciements économiques).

Retrouver l’équilibre financier

Ces actions n’ont pas suffi. « Notre chiffre d’affaires continue de baisser quand nos charges restent fixes, engendrant un déséquilibre financier de plus en plus grave ». Ce redressement judiciaire a pour objectif de donner un peu d’air à la coopérative grâce notamment à la suspension temporaire d’une partie de ses créances. Un mandataire judiciaire a également été nommé afin de l’accompagner dans sa restructuration. « L’objectif étant de sortir au plus vite de ce redressement en ramenant Scarabée à l’équilibre financier », indique la coopérative pointant toutefois qu’il n’existe aucune certitude quant à l’avenir du marché de la bio.

D’après Isabelle Baur, présidente du directoire qui signe cette lettre, plus de 180 magasins spécialisés bio, toutes enseignes confondues, ont fermé leurs portes en France au premier semestre de cette année. « Le second s’annonce encore plus catastrophique et aucune embellie ne se dessine à l’horizon », poursuit-elle. Durant le mois de novembre la coopérative a prévu trois dates pour aller à la rencontre de ses sociétaires et répondre à leurs questions. En attendant de retrouver des couleurs.