"On va maintenir le cap sur notre croissance endogène" - Pierrick De Ronne, président de Biocoop
Circuits Bio a recueilli les commentaires de Pierrick De Ronne, président de Biocoop, suite à la désignation de Carrefour comme repreneur de Bio c’ Bon. Touché mais pas coulé, le numéro un de la bio spécialisée entend bien rebondir et continuer à se développer en faisant valoir ses valeurs et son savoir-faire.
Circuits Bio – Quelle a été votre réaction suite à l’annonce du tribunal ?
Pierrick De Ronne – Clairement on est déçus. Autant du côté de Biocoop que de celui de Marcel & Fils. On a mis beaucoup d’énergie dans ce projet de reprise et on a mobilisé toute l’entreprise et tous les sociétaires afin de convaincre de la pertinence de notre offre. Force est de constater que ça n’a pas suffi. Une chose est certaine en revanche, Biocoop ne nourrit aucuns regrets : on est allés au bout de notre proposition qui reflète pleinement notre projet coopératif et nos engagements depuis plus de trente ans. Après, il est probable que si on avait eu le chéquier de Carrefour, l’issue n’aurait pas été la même.
CB – Que retenez-vous de positif dans cette aventure ?
PDR – Notre candidature à la reprise de Bio c’ Bon nous a offert une tribune qui a permis de communiquer sur la spécificité du projet Biocoop. Un projet coopératif, engagé et militant à l’opposée d’une logique purement marché. Notre discours a obtenu un bel écho et a emporté l’adhésion de nombreux acteurs, des élus notamment. Je retiens également que Biocoop a acquis un savoir-faire en matière de croissance externe qu’on ne se privera pas d’utiliser dans les prochains mois ou les prochaines années.
CB – Est-ce à dire que de nouveaux projets d’acquisition sont dans les tuyaux ?
PDR – Pas pour le moment. On va maintenir le cap sur notre croissance endogène. On ouvre 70 magasins par an et on est quasiment complet sur nos objectifs pour les deux prochaines années. A ce jour, plus de 1000 porteurs de projet se sont manifestés pour ouvrir un point de vente. Biocoop est en capacité d’accompagner un nombre d’ouvertures assez important : c’est la force et la dynamique de notre projet d’entreprise. Nous allons continuer à nous appuyer sur le dynamisme de cette croissance.
CB – Quels seront les axes de votre développement ?
PDR – Notre intention est de continuer à défendre notre modèle alternatif, à promouvoir une consommation responsable et à pousser la notion de souveraineté alimentaire. Biocoop se doit d’incarner cette bio exigeante de territoire. On souhaite se positionner comme un garde-fous du marché alimentaire bio afin que les valeurs qui y sont attachées ne se diluent pas avec la concentration des acteurs. Le marché de la bio grandit et se structure, cette concentration est inévitable mais il est important de rester vigilant. La bio n’est pas qu’un levier de croissance.
CB – Cette intrusion de la grande distribution doit-elle inquiéter ?
PDR – La grande distribution participe à sa façon au développement du bio. En face, les spécialistes portent et soutiennent un écosystème qui est différent. Ces acteurs doivent continuer à cultiver leur spécificité et à proposer aux consommateurs une offre sans faille, porteuse d’un projet de société. Il faut que le consommateur puisse avoir le choix. C’est lui au final qui porte l’exigence et qui tire l’alimentation, la bio en particulier, vers le haut.