« Nous sommes dans une logique de croissance raisonnée »
Jérémie Rousseau a pris la présidence de La Vie Saine mi-août, suite au départ de Pascale Cartier. Interrogé par Circuits Bio, il détaille la stratégie de développement de l’enseigne rachetée en 2017 par les fonds Andera Partners et BPIFrance. L’entrepreneur confirme son objectif de passer le cap des 20 magasins d’ici la fin 2021.
Circuits Bio – Vous avez succédé à Pascale Cartier l’été dernier. Que retenir de cette passation de pouvoir ?
Jérémie Rousseau – Pascale Cartier a quitté l’entreprise mi-août pour rejoindre la direction d’Auchan, pour des raisons qui lui appartiennent. Les actionnaires majoritaires de La Vie Saine, que sont Andera Partners (ex-Edmond de Rothschild Investment Partners, ndlr) et BPI France, m’ont confié la présidence à sa suite. J’avais été recruté un an plus tôt au poste de directeur administratif et financier, après une carrière dans le conseil financier.
CB – En 2017, l’enseigne a annoncé qu’elle doublerait son parc et son chiffre d’affaires à l’horizon 2021. Cet objectif est-il toujours d’actualité ?
JR – Oui, cet objectif reste d’actualité et atteignable. Nous accusons un peu de retard à l’exécution mais nous avons déjà parcouru une grande partie du chemin. L’enseigne comptait en 2017 dix points de vente, pour un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros. Aujourd’hui, le réseau s’étend sur 16 magasins et réalise 35 millions d’euros. Nous venons de racheter deux fonds de commerce Croc Nature à Châtenoy-le-Royal (71) et à Voujeaucourt (25). Hors acquisitions, nous avons enregistré une hausse de l’activité de 5 % en 2020.
CB – Quelle est aujourd’hui votre stratégie en matière de croissance ?
JR – Nous étudions d’autres opportunités de reprises dans nos zones de chalandises historiques (Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie et Île-de-France, ndlr), là où La Vie Saine possède une notoriété certaine et où la clientèle correspond à son coeur de cible. Nous sommes toutefois dans une logique de croissance raisonnée et donc rentable, en nous appuyant sur notre développement organique d’une part et des acquisitions d’autre part. Nous ne cherchons pas à créer des magasins ou développer les franchises. Nous acquérons uniquement ce que nous sommes en capacité d’absorber et tâchons de ne pas tomber dans l’adage populaire “avoir les yeux plus gros que le ventre”.
CB – Comment La Vie Saine entend se distinguer dans l’univers de plus en plus concurrentiel de la distribution spécialisée ?
JR – Nous sommes convaincus que l’avenir de la distribution spécialisée réside dans la maîtrise du sourcing et notamment de l’approvisionnement en direct et local de produits différenciants. C’est précisément l’ADN de La Vie Saine. En complément des fournisseurs avec lesquels nous travaillons au niveau national, notre bureau d’achat fait un effort quotidien, depuis la fondation de l’entreprise, pour nous approvisionner en propre et souvent via des partenariats au long cours avec les producteurs de la zone de chalandises. Nous faisons également appel à un prestataire extérieur dont la passion est de « chasser du bio » pour trouver des produits exclusifs à l’enseigne.
CB – Pourriez-vous nous donner des exemples de cette différenciation dans votre offre ?
JR – Nos boucheries traditionnelles s’inscrivent parfaitement dans ce schéma. Nous travaillons de manière artisanale en achetant des bêtes entières aux éleveurs voisins des magasins. Nous possédons par ailleurs un fournil à Chenôve (21), qui fabrique et distribue à la quasi-totalité du réseau, une gamme plutôt pêchue de pains et de pâtisseries, dont certains répondent à des besoins de santé très spécifiques de nos clients. Ce sont de véritables éléments de différenciation qui nous permettent d’avoir une certaine proximité avec les clients et de nous adapter avec agilité et réactivité à leur demande.