Le Marché Bio Leclerc prend l’eau

5 octobre 2020 - Erwan Le Fur

Le projet d’ouverture d’une chaîne spécialisée dans la vente de produits bio par le géant de la grande distribution annoncé en grandes pompes en 2018 a fait long feu. Moins d’une quinzaine de points de vente seulement ont aujourd’hui vu le jour, loin des 200 prévus à l’origine. Retour sur ce revers.

« Pétard mouillé. Le marché bio Leclerc n’a pas fait les étincelles attendues ». Dans son hors-série bio daté de septembre, nos confrères de Linéaires * se sont penchés sur le fiasco Marché Bio Leclerc. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En octobre 2018, quand Michel-Edouard Leclerc en personne inaugure le premier magasin de la déclinaison bio de l’enseigne à Saintes (17), il annonce 40 ouvertures pour l’année suivante et pas moins de 200 en 2020.

Ratées dès le démarrage

 « Biocoop et Naturalia n’avaient qu’à bien se tenir », ironise la revue spécialisée dans la grande distribution. Las… à quelques semaines de l’échéance fixée par MEL, le bilan est plus que modeste puisque seuls 12 magasins sont aujourd’hui ouverts. Linéaires comptabilise également trois fermetures « au moins » : Amiens (80), Sélestat (67) et Plessis-Belleville (60). Autre indicateur : plusieurs adhérents ayant initialement manifesté leur intérêt pour le projet n’ont finalement pas fait le grand saut.

Premier écueil rencontrés par les promoteurs de ce projet : la défiance des fournisseurs de produits bio. « Ceux qui travaillent avec Biocoop depuis longtemps n’ont absolument pas envie de cohabiter avec Bio Village et Leclerc ». D’où les « baffes » dont ont été victimes les acheteurs de Leclerc au salon Natexpo de 2018. Au fil du temps, les adhérents qui auraient pu être intéressés à participer à l’initiative ont par ailleurs vite compris que la mariée n’était peut-être pas si belle.

« Les profits des spécialistes ne sont plus les mêmes qu’il y a cinq ans quand de nombreuses zones étaient encore vierges », témoigne ainsi un industriel sous couvert d’anonymat. La concurrence s’est accrue et beaucoup de magasins bio Leclerc sont en concurrence avec leur propre hyper car les clients exclusifs aux magasins spécialisés sont très peu nombreux aujourd’hui ».

Un réseau qui bouge encore

Linéaires pointe quand même une poignée d’ouvertures récentes comme dans la galerie de l’hyper de La Souterraine (23), un format d’environ 250 m2, ainsi que plusieurs unités de plus de 600 m2. Un succès d’estime tout au plus tant l’enseigne est loin de ses objectifs assénés il y a deux. Objectifs dont il est permis de douter qu’ils soient un jour atteints.

Après avoir défié avec succès les pharmaciens, les bijoutiers ou encore les distributeurs de carburant, le mouvement Leclerc aurait, selon nos confrères, trouvé chez les spécialistes de la bio et ses fidèles clients une résistance inattendue. « Preuve que le combat du prix n’est ici pas le seul qui vaille ».

* Le hors-série de Linéaires publié en septembre décrypte l’actualité récente de la bio en grande distribution ainsi que les dernières tendances des produits estampillés AB distribués dans le circuit conventionnel. Pour le commander, rendez-vous sur la boutique en ligne des Editions du Boisbaudry.