La nouvelle direction de La Ruche qui dit oui opte pour un changement de stratégie
Depuis ce début d’année, La Ruche qui dit oui est dirigée par un nouveau binôme composé d’Adrien Sicsic et Philippe Crozet. Ces derniers ont d’emblée pris la décision de fermer les six boutiques moins de deux ans après leur ouverture afin de se recentrer sur leur activité principale : les ruches. Entretien avec Adrien Sicsic.
Pourquoi avoir décidé de fermer si rapidement vos six boutiques ?
Nous procédons à un changement de stratégie afin de nous recentrer sur notre activité principale : les ruches. Malgré la conjoncture, le chiffre d’affaires de nos boutiques était en progression. Sauf que les ventes n’étaient pas suffisantes pour amortir l’intégralité des coûts. Nous n’avons pas ouvert au bon moment ! De plus, nous fonctionnions en modèle centralisé avec notre propre entrepôt et système de livraison à la fois pour les magasins mais aussi pour les clients à domicile. En circuit court, ce type de modèle centralisé ne peut être rentable car la complexité opérationnelle engendre des coûts qu’il est délicat d’absorber. A l’avenir, nous ne sommes pas fermés à l’idée d’ouvrir de nouvelles boutiques mais en adoptant un modèle différent.
Ces fermetures ont elles elle engendré des licenciements ?
Il y a effectivement eu un certain nombre de licenciements directement liés à l’arrêt des activités logistiques et à la fermeture des boutiques. Nous avons également procédé à une réorganisation en interne. Aujourd’hui, nous comptons 53 salariés. Nous étions 63 en 2019.
Quelles implications concrètes le recentrage sur vos ruches implique-t-il ?
Toutes nos ressources vont être déployées sur le développement de notre modèle historique de ruches. Notre stratégie à moyen et long terme est de fournir des outils qui facilitent les échanges et la communication entre les responsables de ruche et les acteurs locaux ainsi que le passage de commandes pour les particuliers. La façon dont La Ruche peut aider les circuits courts passe par le développement d’outils décentralisés.
Comment se porte l’activité de La Ruche dans le contexte actuel ?
Nous ne faisons pas exception à la règle ! Comme beaucoup, nous connaissons une baisse du nombre de clients par rapport aux années précédentes. Et ce, partout en Europe. Nos 10 000 producteurs du réseau nous remontent également le même message concernant leurs ventes directes. Néanmoins, nous avons continué à ouvrir des ruches. L’année dernière, notre volume d’affaires s’est élevé à 46 millions d’euros, dont 21 millions d’euros pour le seul marché français. Un montant légèrement en deçà de ce que l’on a enregistré en 2019 (50 M€).
Comment a évolué le nombre de vos ruches depuis 2019 ?
En 2019, nous recensions un total de 1 202 ruches et ce chiffre avoisinait les 1700 en 2021. De nombreuses ruches ont été ouvertes durant la pandémie, une période qui a boosté les ventes en circuits courts, mais toutes n’ont pas perduré. En 2022, nous comptions 1 217 ruches réparties dans sept pays européens (Allemagne, Italie, Espagne, etc.). La France reste notre plus gros marché avec environ la moitié des ruches.