La progression est minime. Mais par les temps qui courent, elle mérite d'être soulignée. Le chiffre d’affaires enregistré par les 773 magasins Biocoop en France a progressé de 0,6 % sur le mois de septembre et il est « presque stable » en octobre. « Nous constatons une stabilisation de la régression sur ces deux derniers mois », observe Sylvain Ferry, directeur général de Biocoop, qui tenait ce mercredi 9 novembre une conférence de presse à laquelle la rédaction de Circuits Bio était conviée.
Ventes en baisse de 7 % depuis janvier
Cette embellie n’est toutefois pas de nature à compenser les pertes des mois précédents. Comme ses camarades du réseau spécialisé et de la grande distribution, le leader de la bio n’a pas été épargné par la baisse des ventes sur le marché des produits biologiques. De janvier à septembre 2022, son chiffre d’affaires a chuté de 7 % par rapport à la même période un an plus tôt.
Cette baisse est toutefois moins forte que celle du marché spécialisé, qui oscille entre 12 % et 15 % selon Sylvain Ferry. « Notre modèle résiste plutôt bien », se réjouit-il, malgré les turbulences que connaissent certains de ses sociétaires comme Scarabée dans le bassin rennais ou encore le réseau Callune en centre Bretagne. Au total, une cinquantaine de magasins seraient à ce jour en difficulté, estime le dirigeant. D'ici la fin de l'année, la coopérative devrait comptabiliser près de 45 ouvertures, contre 30 à 40 fermetures. « Nous avons toujours une balance positive en terme de mètre carrés », remarque Sylvain Ferry.
Si ces résultats lui permettent d’accroître sa part de marché dans le réseau spécialisé, estimée aujourd’hui à 45,5 % (+ 2 points en un an), ils ont surtout pour effet de conforter le leader dans sa stratégie et sa raison d’être. « Les gens viennent chez nous car notre catalogue de produits répond à un projet politique », affirme Pierrick De Ronne. Et le président de Biocoop de s’expliquer : « Nous n’avons pas vocation à faire du commerce pour du commerce. Notre objectif, qui constitue le cœur de notre charte depuis 1986, est de développer l’agriculture biologique ».
Pas de communication sur les prix
Biocoop semble ainsi déterminé à garder son cap, malgré les aléas du marché. « Nous n’allons pas changer de stratégie d’enseigne tous les deux ans en fonction du contexte du marché », ironise Pierrick De Ronne. Un clin d’œil au nouveau plan stratégique de Carrefour dévoilé la vieille par son PDG Alexandre Bompard et résolument tourné vers le discount.
L’enseigne ne prévoit pas non plus de communiquer sur les prix ni sur la promotion, deux sujets chers à toutes les enseignes alimentaires en cette période de forte inflation. Et ce, quand bien même Biocoop serait selon les relevés de prix que l’enseigne réalise, « 3 % moins cher que ses concurrents du réseau spécialisé ». Lancée fin octobre, sa nouvelle campagne de communication traite de la relocalisation des matières premières agricoles en France.
Cette position, somme toute radicale à l’heure où le pouvoir d’achat est la principale préoccupation des Français, est parfaitement assumée par Biocoop. La coopérative préfère rappeler ses trois piliers stratégiques : accélérer la transition écologique (via la relocalisation des productions, le réemploi, le vrac, etc.), partager la valeur (via l’engagement dans le commerce équitable) et proposer des produits toujours plus sains (sans marqueurs d’ultra-transformation). « Nous prônons chez Biocoop la radicalité. Je suis convaincu qu’en s’adressant à la fibre militante des consommateurs, la bio a de l’avenir », conclut Pierrick De Ronne.