Données marché : Biotopia affiche ses ambitions

10 février 2021 - Propos recueillis par Erwan Le Fur

Diplômé de l’Essec en 2006, Loïc Danel a mené le gros de sa carrière chez Nielsen. Il s’associe à Biotopia pour prendre la tête de la division data du panéliste spécialisé dans les circuits bio. Entre autres projets de développement, Loïc Danel prévoit la mise en place d’un panel distributeurs qui à terme engloberait l’ensemble des enseignes. Une première sur le marché.

Circuits Bio – Vous venez de prendre la direction de Biotopia Insight. Quel rôle est appelé à jouer ce nouvel acteur ?

Loïc Danel – L’idée était de rassembler au sein d’une même structure l’expertise data et étude de marché que Biotopia a développée au fil des années mais aussi de développer notre offre en la matière. Cette nouvelle division, rebaptisée Biotopia Insight, a pour mission de commercialiser des données et des analyses sur le comportement des consommateurs de produits labellisés AB et sur les performances des acteurs spécialisés (transformateurs et distributeurs) dans les magasins bio.

CB – Quel regard portez-vous sur le marché de la data dans le secteur spécialisé ?

LD – Il y a aujourd’hui peu de données produites sur le marché de la bio spécialisée. C’est un peu paradoxal car ce circuit est relativement bien structuré, que ce soit du côté des fabricants ou des distributeurs. C’est un fait : les échanges d’informations ne font pas encore pleinement partie de la culture des spécialistes. En termes de data et d’études de marché, tout ou presque reste à construire. Les opérateurs n’investissent pour le moment pas assez le sujet. Mais ils vont être amenés à revoir leurs stratégies en matière de data. C’est certain.

CB – Pourquoi ?

LD – Parce que le marché a explosé en quelques années et que de nombreux acteurs sont en train de l’intégrer ou d’essayer de l’intégrer. Cette tendance impose de faire des choix. Et pour faire ces choix, les spécialistes ont besoin de données objectives. Pour les fabricants, l’enjeux est de parvenir à démontrer aux distributeurs que leur offre est pertinente. Quant aux distributeurs, ils ont besoin de mieux comprendre les comportements d’achat de leurs consommateurs et d’identifier les catégories porteuses de valeur.

CB - Quels sont les services proposés par Biotopia Insight ?

LD – Notre offre s’appuie sur un panel de 3 000 consommateurs de produits bio (Panel.bio) en magasins spécialisés qui scannent chacun de leurs achats et nous transmettent leurs tickets. A partir de ces données, nous proposons des analyses de performances par marques ou typologie de produits. Nous menons par ailleurs auprès de ce panel des études ad hoc afin de mieux comprendre les comportements des consommateurs de produits bio et leurs intentions d’achat. C’est un deuxième service (Bio Conso) que propose Biotopia Insight. Avec les tickets transmis par nos panélistes, nous avons enfin mis sur pied un observatoire des prix. Grâce à cet outil, nous avons plus d’un million de relevés par an, dont plus de 2 000 références pour lesquelles nous avons plus de 50 observations par an.

CB – Des développements sont-ils prévus dans un avenir proche ?

LD – On souhaite consolider notre panel en augmentant le nombre de participants. L’objectif est d’atteindre 4 500 panélistes à la fin de l’année 2021 et ainsi produire des analyses d’une meilleure finesse à la fois en matière de profondeur de gammes et de temporalité. A plus long terme, l’idée est de se stabiliser aux alentours de 6 000 panélistes. Nous voulons construire une offre complète et homogène pour appréhender les comportements des consommateurs bio en France à travers le panel, des enquêtes quali ou quanti et des informations de pricing, stratégiques dans un environnement de plus en plus concurrentiel.

CB – La question est sur toutes les lèvres : quid d’un panel distributeur ?

LD - La mise en place d’un panel distributeurs est en effet un sujet que les équipes de Biotopia Insight travaillent. Le succès de ce projet dépendra de la volonté des enseignes de partager leurs infos et de comprendre l’intérêt de ce partage pour leur propre croissance mais aussi pour le développement du réseau. D’un point de vue méthodo, notre envie serait de travailler sur l’intégralité des magasins dans ce panel.

CB – Un échantillon ne suffirait pas ?

LD – La difficulté c’est qu’on est sur un marché très hétérogène en termes d’offre de produits, de taille de magasin, de politique MDD, etc. Cette structuration particulière complexifie considérablement la mise au point d’un échantillon véritablement représentatif du marché. Il faudrait au moins 800 à 1 000 magasins, issus de tous les réseaux en proportion du poids de chaque enseigne. A ce compte-là, autant tous les avoir. Sans compter qu’aujourd’hui chez Biotopia Insight on sait traiter presque aussi facilement des flux de data en provenance d’un point de vente que de mille magasins. Réunir les acteurs pour monter un panel de magasins est un défi hyper intéressant.