« Dans notre groupement, chacun est maître chez lui » - Benoît Morvan, président d’Accord Bio

23 novembre 2020 - Erwan Le Fur

Benoît Morvan vient d’être élu président du groupement Accord Bio à la suite de Régis Seisson, contraint à la démission après avoir vendu ses cinq BioAzur à l’enseigne Carrefour. Circuits Bio a rencontré le nouveau patron du groupement d’indépendants dans son magasin de Concarneau (29) pour l’interroger sur sa vision du métier et ses objectifs.

Circuits Bio – Dans quel contexte avez-vous hérité de la présidence d’Accord Bio ?

Benoît Morvan – Tout s’est passé très rapidement. Quand Régis Seisson a décidé de vendre ses magasins BioAzur, la question de son remplacement à la présidence d’Accord Bio s’est tout de suite posée. Le conseil d’administration a pris les devants et m’a nommé comme successeur à l’unanimité. On verra si ce choix est confirmé lors de l’Assemblée générale qui se tiendra à Paris l’année prochaine en présence de l’ensemble des adhérents.

CB – Depuis combien de temps êtes-vous adhérent du groupement ?

BM – Je suis entré chez Accord Bio dès la création de mon magasin à Concarneau en 2011. J’étais alors le seul point de vente spécialisé dans cette ville de 20 000 habitants. Auparavant, j’ai dirigé pendant une dizaine d’années une entreprise de matériel de construction écologique. Depuis deux ans, j’étais chargé au sein du bureau d’Accord Bio d’animer la communication du groupement. J’ai notamment participé au lancement de notre site web et j’ai également piloté le changement de logo de l’enseigne.

CB – Quel est l’état de santé du réseau dont vous venez de prendre les rênes ?

BM – Il est excellent. Accord Bio compte aujourd’hui 174 points de vente répartis à travers le territoire. Si nous avons enregistré quelques fermetures récemment [moins d’une dizaine, ndlr], celles-ci sont le fait de petits magasins pas assez rentables et non pas à des fuites vers la concurrence. Le chiffre d’affaires 2019 d’Accord Bio s’élève à 195 millions d’euros. Il devrait être de 210 millions d’euros à la fin de l’année, soit une progression d’environ 8 %. La taille moyenne des magasins est comprise entre 200 à 250 m2. Les plus spacieux peuvent monter jusqu’à 1 200 m2.

CB – Le modèle mis en place par Accord Bio est-il appelé à évoluer ?

BM – Nous souhaitons au contraire le pérenniser en préservant l’autonomie de nos adhérents ainsi que leur liberté de décision tout en leur garantissant d’excellents accords négociés auprès de plus de 120 fournisseurs pour un total d’environ 80 000 références. Dans notre groupement, chacun est maître chez lui. C’est pourquoi, les magasins du groupement sont tous différents. Pas de taille unique, pas d’agencement répétitif, pas de tenue uniforme, pas d’enseigne monotone, ni de produits imposés. Chez Accord Bio, on peut appeler son magasin comme on le souhaite. Ce n’est pas rien. Etre tous ensemble mais tous uniques, tel est notre souhait, loin des autres magasins franchisés dont les surfaces de vente se ressemblent toutes.

CB – Quel est l’axe prioritaire de développement pour Accord Bio ?

BM – Notre priorité est de travailler au développement du parc en recrutant des adhérents parmi des entrepreneurs qui créent de nouveaux magasins ou des franchisés qui ne sont pas satisfaits du partenariat actuel avec leur enseigne. Accord Bio propose une alternative unique à ceux qui souhaitent exercer leur activité en toute indépendance. L’objectif est de dépasser la barre des 200 points de vente à la fin de l’année 2021. Ça nous permettrait d’augmenter notre chiffre d’affaires, d’améliorer les conditions commerciales avec nos fournisseurs et in fine d’aller vers une meilleure efficacité dans le fonctionnement du réseau. On ne cible pas de zones géographiques en particulier mais on sera attentif à ce que la règle de distanciation d’un minimum de 15 km entre deux magasins du réseau soit strictement respectée.

CB – Où en êtes-vous de votre réflexion sur la mise en place d’une plateforme ?

BM – C’est tout vu : il n’en est pas question. On en a encore discuté récemment : les adhérents y sont opposés dans leur grande majorité. La mise en place d’une plateforme implique des coûts élevés qui se répercuteraient forcément sur le montant des redevances demandées aux magasins. Chez Accord Bio, il en coûte 720 € par an et par magasin pour intégrer le réseau. Je suis loin d’être convaincu que les surcoûts liés à l’adoption d’une plateforme seraient compensés par ailleurs. Sans compter que ce modèle impose des obligations en matière d’assortiment qui vont à l’encontre de ce qu’on souhaite proposer à nos adhérents. Les grossistes et les fournisseurs assurent parfaitement ce rôle de logistique. Pourquoi faire compliqué puisque on peut faire simple ?