Moins 9 %... Telle est l’évolution du chiffre d’affaires de Biocoop à fin juin 2022, selon Sylvain Ferry, directeur général de l’enseigne que Circuits Bio a interrogé lors du salon Natexpo de Lyon. « On s’en sort plutôt mieux que le marché qui d’après les différents panels affiche un recul de 13 à 15 % », explique Sylvain Ferry.
La chute continue des ventes sur le marché de la bio spécialisée a provoqué une petite vingtaine de fermetures depuis le début d’année au sein du parc de l’enseigne. Quant au rythme d’ouverture, il a sans surprise nettement décéléré avec « seulement » 32 nouveaux points de vente cette année. « Le contexte actuel demande aux porteurs de projet de qualifier de façon beaucoup plus pointue le business plan proposé aux banquiers. Un dossier qui aurait pu sembler intéressant dans un contexte de forte croissance comme c’était encore le cas en 2020, ne le sera plus forcément aujourd’hui ».
Une équation à plusieurs inconnus
Désaffection des consommateurs, inflation galopante, flambée des prix de l’énergie ou encore de l’immobilier…. Les défis auxquels le numéro un de la bio spécialisée, doit faire face sont nombreux. Tout comme les autres enseignes du reste. « L’équation est très compliquée ». La coopérative travaille sur plusieurs axes afin de la résoudre à commencer par la réduction de ses coûts. L’enseigne n’a par exemple pas hésité récemment à sous-louer un étage des bureaux de son siège à Rennes (35) qui en comptait quatre à l’origine. « Les dossiers qui ne nourrissent pas directement notre projet militant sont pour l’instant mis à l’arrêt », poursuit Sylvain Ferry.
Le contexte actuel a également contraint Biocoop à préciser sa stratégie. « On a revu notre territoire de communication. Notre objectif est de marteler avec plus d’intensité encore notre militantisme ». La toute récente campagne de l’enseigne témoigne de cette volonté. Et Sylvain Ferry de préciser : « L’idée n’est pas seulement de dénoncer mais aussi d’amener des solutions pour que le commerce de demain devienne plus durable ». Déjà engagée dans une stratégie commerciale visant à promouvoir des usages plus vertueux plutôt que de proposer des promotions tout azimut, la coopérative entend continuer dans cette voie.
Des négos sous haute tension ?
C’est ainsi que pour la deuxième année consécutive, l’enseigne propose en septembre une opération spéciale destinée à activer le vrac avec une remise proposée de 15 %. « La nouveauté cette année c’est que tous les magasins participent à l’opération », explique Sylvain Ferry. La rationalisation de l’assortiment est un autre levier que Biocoop prévoit d’activer. Ce dernier s’est ostensiblement étendu durant la période de crise sanitaire. « C’était nécessaire à ce moment car on avait besoin d’appro. Il faut aujourd’hui qu’on revienne à une offre plus cohérente avec la taille de nos magasins qui est en moyenne d’environ 300 m2 ».
Interrogé sur les tensions qui pourraient éventuellement émaner du contexte actuel lors des prochaines négociations commerciales, Sylvain Ferry indique qu’il les souhaite apaisées et constructives. « On sait parfaitement qu’on est rentré dans une période de forte inflation, on la prend aussi de plein fouet. L’année dernière on a subi des augmentations tarifaires inédites de la part des industriels et on a passé de l’inflation comme on ne l’avait jamais fait précédemment. Cette année encore on va négocier les tarifs en bonne intelligence avec les fournisseurs. Le positionnement de Biocoop est très clair : c’est d’avoir le juste prix ».