Philippe Camburet, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), a commencé cette journée en rappelant les difficultés auxquelles les agriculteurs font face actuellement, y compris les aléas climatiques. Le président de la Fnab estime à plusieurs dizaines de pourcent la baisse des conversions à l’agriculture bio.

Loïc Danel, directeur général de Biotopia, a présenté les derniers chiffres du marché de la bio spécialisée. Dans la continuité de 2021, le début d’année 2022 affiche un ralentissement de la fréquentation en magasins. Au global, le chiffre d’affaires du premier trimestre a reculé de - 15 % par rapport à la même période l’an passé.

La table ronde a réuni sur scène Thierry Chiesa, directeur général d’Ekibio, Laetitia Van de Walle, fondatrice de Lamazuna et Sébastien Loctin, directeur général de Biofuture. Tous sont transparents sur leurs difficultés actuelles mais restent néanmoins optimistes. « Cette crise est malheureusement essentielle pour remettre en cause le modèle et pour aller vers un modèle plus adapté », lance Thierry Chiesa.

Benoît Merlaud, rédacteur en chef de Linéaires, a offert un tour d’horizon du e-commerce dans le circuit conventionnel qui pèse 9 % du chiffre d’affaires. Un levier encore trop peu exploité sur le circuit spécialisé alors que les consommateurs de bio sont réceptifs à ce service. Leclerc, réalise, par exemple, 30 % de ses ventes de bio sur le drive.

Simon Lefur, co-fondateur d’Aventure Bio, a alerté les distributeurs sur l’urgence de se développer sur le e-commerce. « Je suis plutôt inquiet sur les orientations prises par les magasins bio, admet-il. Les 18-34 ans sont ultra-connectés, comment vont-ils acheter lorsqu’ils seront dans la tranche des 35-49 ans ? », cette cible que tout le monde s’arrache.

Magali Monnier, chef de rubrique de Circuits Bio, a présenté les résultats des enseignes de la distribution spécialisée sur l’année 2021. Les leaders Biocoop et Naturalia affichent de légères décroissances (- 1 % et - 2 %). D’autres comme Les Nouveaux Robinson ne cachent plus leurs difficultés. À l’inverse, Marcel & Fils a progressé de + 36 % en 2021 pour dépasser les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires.

François Luguenot, spécialiste des marchés agricoles, a passé en revue les crises que nous traversons actuellement (covid et guerre en Ukraine). L’expert a poussé l’auditoire à se questionner, entre autres, sur le développement des filières locales versus l’importance de l’importation pour certains pays ou encore sur les solutions pour valoriser la production et rémunérer les agriculteurs quand les Français font face à une diminution de leur pouvoir d’achat.

Emmanuel Fournet, customer success leader chez NielsenIQ, a dévoilé les résultats des ventes de produits bio en GMS. En ce début d’année, leur chiffre d’affaires a reculé de - 5,6 % quand les produits conventionnels sont stables. Selon lui, « les produits bio, qui sont plus valorisés, subissent le recul que l’on peut anticiper dans un contexte inflationniste ». Une inflation qui s’accélère puisqu’en avril 2022, elle était de + 2,67 % par rapport à l’année précédente.

Amélie Rulquin, directrice des achats de La Fourche, a clôturé cette journée en dressant un état des lieux du côté des distributeurs. Reconnaissant que le panier moyen est passé de 75 à 100 euros en deux ans, Amélie Rulquin a confirmé que « le vrac cartonne, les produits locaux et issus du commerce équitable marchent aussi très bien. » Elle a redit que la démarche de La Fourche restait de faire venir le plus grand nombre aux produits bio et que cela passait aussi par un maintien de prix abordable, mais également des informations courtes et essentielles sur les emballages qui eux-mêmes se doivent d’être recyclables.