Marché bio : la GMS ralentit, le réseau spécialisé accélère

Réunis à l’occasion de la 6ème édition des B.I.O.N’Days organisés par le Cluster Bio Auvergne Rhône Alpes, les experts d’IRI et de Biotopia Insight sont formels : alors que la vente de produits bio s’essouffle en grande distribution, le réseau spécialisé tire son épingle du jeu. Explications.

La crise sanitaire semble avoir rebattu les cartes sur le marché de la bio. Et c’est plutôt une bonne nouvelle pour le réseau spécialisé ! D’après les experts d’IRI et de Biotopia Insight, réunis ce mercredi 9 juin à l’occasion de la 6ème édition des B.I.O.N’Days organisés par le Cluster Bio Auvergne Rhône Alpes, la dynamique des produits labellisés AB est restée très forte en France en 2020. Elle s’avère néanmoins assez contrastée selon les circuits de distribution.

Le repli du bio en GMS se poursuit début 2021

La surprise vient notamment des réseaux conventionnels. D’après IRI, les ventes de produits bio dans les grandes surfaces alimentaires (GSA) ont marqué un net ralentissement en 2020. Avec un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros en hausse de + 13,4 % tous circuits confondus (hypers, supers, hard-discount, proxi et e-commerce), la croissance demeure certes largement positive mais elle se tasse par rapport aux années précédentes où elle dépassait les 20 %. « Sur cette année de crise, le bio reste dynamique en grande distribution mais il a vu sa croissance ralentir, là où les produits conventionnels ont explosé pour atteindre des niveaux historiques », explique Nadège Peteuil, consultante senior pour IRI.

Plus alarmant selon le panéliste, les ventes de produits bio sont en repli sur les quatre premiers mois de 2021 au sein des GSA, alors que les produits conventionnels résistent bien quant à eux. « L’essoufflement observé s’installe et se montre durable », affirme l’experte. Même si les données à court terme restent à relativiser en raison de l’historique des ventes en 2020, fortement accrues par la crise sanitaire.

Parmi les explications à cet essoufflement, IRI distingue plusieurs facteurs. L’évolution de l’offre, qui tend à se tasser au vu de la moindre performance des produits bio en rayon par rapport à leurs équivalents conventionnels. Le coût d’arrêt du label AB au rayon frais libre-service qui plombe la croissance globale du bio en GSA est un autre facteur tout comme la poussée des autres circuits (magasins spécialisés, producteurs locaux, marché, etc.) qui fait de l’ombre au bio des grandes surfaces. « Les consommateurs papillonnent de plus en plus entre les différents réseaux de distribution », conclut Nadège Peteuil.

Le panier moyen augmente de 33 % en magasin bio

Loïc Danel, directeur général de Biotopia Insight, partage cette analyse. Selon le panéliste, le chiffre d’affaires du réseau spécialisé a franchi le seuil des 4,5 milliards d’euros en 2020, suivant une croissance de 15 %. D’après une étude menée par le panéliste auprès de 3 500 consommateurs de bio, trois quarts des sondés n’ont pas modifié leurs habitudes d’achats en 2020, quand 22 % déclarent avoir augmenté leurs courses de bio, et ce, principalement en magasins bio.

Cette donnée fait écho à l’augmentation du panier moyen d’achat en magasin bio, lequel est passé de 30 € par achat en 2019 à plus de 40 € en 2020. Une tendance qui se poursuit sur le premier semestre 2021. Autre enseignement de taille : la fuite des consommateurs des magasins bio vers la GMS semble de stabiliser, en particulier sur l’épicerie salée et la crèmerie, deux catégories fortement marquée ces dernières années par ces transferts. Cette information rejoint d’ailleurs l’analyse d’IRI, qui notait de son côté les contre-performances des produits frais bio en GMS.

D’après l’étude de Biotopia, parmi les motivations qui poussent les consommateurs à franchir la porte des magasins bio, la qualité et la sélection des produits arrivent en tête pour 62 % et 54 % des sondés, loin devant les préoccupations environnementales (26 %). A l’inverse, le prix reste de loin le principal frein à la fréquentation (60 %).