Les chiffres inquiétants du baromètre de l’Agence bio

Présenté début mars au Salon international de l'agriculture, le dernier baromètre de l’Agence bio illustre la baisse du nombre de consommateurs réguliers de produits bio ainsi que la défiance croissante des Français envers le label de l’agriculture biologique.

Ce ne sont plus des intuitions ni des bruits de couloirs. Publié le 2 mars, le dernier baromètre de l’Agence bio sur la perception et la consommation des produits biologiques en 2022 illustre un tournant dans l’appréciation du label AB par les Français. De cette étude réalisée auprès de 4 000 répondants entre novembre et décembre 2022, la rédaction de Circuits Bio a relevé les enseignements les plus marquants.

La part des adeptes de la bio chute de 16 points

C’est une baisse pour le moins brutale. La part du nombre de consommateurs réguliers, c’est-à-dire qui achètent des produits bio au moins une fois par mois, a chuté de 16 points. Ils représentent désormais 60 % des Français en 2022, contre 76 % en 2021. Maigre consolation, ces acheteurs réguliers ont accru leur consommation de produits bio : 75 % de leur alimentation en volume serait composée de denrées labellisées AB, contre 65 % un an plus tôt.

En parallèle du repli des consommateurs réguliers, la part des non-consommateurs de bio a explosé, passant de 9 % en 2021 à 17 % en 2022. Et ce, alors qu’elle était stable depuis plusieurs années. Parmi les principaux freins, le prix reste la première raison pour 71 % des sondés. Mais, fait inédit cette année, la défiance s’installe en seconde position pour la majorité des répondants. En 2022, 57 % des non-consommateurs ont des « doutes sur le fait que les produits soient totalement bio », soit 17 % de plus par rapport à l’année précédente.

Une défiance attisée par un manque de connaissances

Cette défiance trouve son origine dans la méconnaissance du cahier des charges de l’agriculture biologique. 33 % des sondés croient en effet qu’un produit peut obtenir le logo AB lorsqu’il est composé de 75 % d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. Une mauvaise appréciation qui est alimentée par un cruel manque d’informations puisqu’un Français sur deux estiment ne pas avoir suffisamment de renseignements sur le contrôle des produits biologiques ou sur leur réglementation.

Si l’opinion publique reste majoritairement convaincue des bienfaits de l'agriculture biologique pour l'environnement, la santé et l'économie, force est de constater que cette bonne image s’est également dégradée. En 2022, 60 % des Français estiment que l’agriculture biologique permet une juste rémunération des producteurs. Ils étaient 86 % un an plus tôt.

60 % des Français en désaccord sur les prix du bio

La part des Français qui ne comprennent pas les prix plus élevés du bio a augmenté l’an passé de 6 points pour atteindre 59 %. Les deux tiers des consommateurs estiment même que la mention bio sert à justifier ces écarts de tarifs. Dans le contexte actuel de baisse de pouvoir d’achat, ce désaccord amplifie forcément les arbitrages en défaveur du bio. En effet, parmi les Français qui se restreignent sur leur budget alimentaire, 83 % disent éviter les produits bio pour des raisons de coûts.

Face à cet état des lieux inquiétant, l’Agence bio rappelle la nécessité de davantage communiquer sur le label biologique auprès des consommateurs pour qu’ils soient mieux informés sur son intérêt et ses garanties. Lancée l’an passé et reprise par huit interprofessions au niveau national, la campagne de communication baptisée #BioRéflexe semble recueillir des premiers retours satisfaisants puisque selon l’Agence bio, « là où la campagne a été déployée, les ventes de bio ont augmenté de 5 % ».