Frais & Surgelés

La banane made in France tente sa chance

La filière des bananes françaises certifiées biologiques a doublé ses volumes pour 2020. Un an après l’arrivée des premiers bouquets chez Naturalia, cette production de niche fait son entrée chez La Vie Claire.

Les achats de bananes par les Français ont augmenté de 2 % en 2019. Les ventes de bananes bio, jusqu’alors incrémentales, commencent à cannibaliser très légèrement celles des bananes conventionnelles.

Bio et française. Voilà deux mots qui vont rarement de pair sur le marché de la banane. Et pour cause ! « C’est un véritable défi de produire des bananes biologiques dans les départements d’outre-mer, explique Pierre Monteux, directeur général de l’Union des groupements de producteurs de bananes (UGPBan) qui représente l’ensemble des acteurs de la filière en Guadeloupe et en Martinique. Le climat tropical génère une pression fongique et parasitaire très importante qui rend la culture difficile ». De fait, la grande majorité des bananes bio vendues en France provient de République Dominicaine, d’Equateur, du Pérou ou du Ghana. Ces pays, à défaut de faire vibrer la fibre patriotique, possèdent un climat sec qui limite les risques de contamination.

3 500 tonnes en 2020

Les Antilles françaises commencent néanmoins à relever le challenge. L’an passé, 1 000 tonnes de la variété cavendish, dominante sur le marché, ont été produites. « Nous avons désormais cinq producteurs bio ou en conversion sur cette variété. Nous espérons doubler les volumes en 2020 », soutient Pierre Monteux. Première enseigne à s’engager sur la banane made in France en 2018, Naturalia vient de renouveler son contrat avec l’UGPBan pour 2020, suivi par La Vie Claire dans la foulée. A elles deux, ces deux enseignes absorbent la quasi-totalité de cette production.

Bonne nouvelle cette année, les producteurs de l’UGPBan dégainent une deuxième variété sur le marché. Baptisée La Pointe d’Or, elle a été développée par le Centre International en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) pour être résistante à la cercosporiose, principale maladie fongique des bananeraies. Une force qui lui confère une toute autre particularité. « Sa peau doit brunir davantage que celle de la cavendish pour que la pulpe soit consommable, prévient Pierre Monteux. Avec un peu de pédagogie, nous espérons que les consommateurs bio seront moins exigeants sur ces aspects cosmétiques ». Un pari audacieux que Carrefour a décidé de relever. L’enseigne s’est portée volontaire pour commercialiser les 1 500 tonnes produites cette année.

Malgré cette hausse de régime, la banane made in France reste un marché de niche. Du haut de ses 3 500 tonnes, elle demeure très loin des 110 000 tonnes de bananes bio commercialisées chaque année dans l'Hexagone selon les données de l’AIB, l’association interprofessionnelle de la banane.

L’incontournable label équitable

Le label du commerce équitable est une garantie quasi incontournable sur le marché de la banane en magasins bio. Biocoop impose cette certification dans son cahier des charges et interdit même leur transport en avion. Les Comptoirs de la Bio, qui viennent de nouer un partenariat fin 2019 avec Biotropico, organisme officiel de certification en Colombie et en République Dominicaine, communiquent également sur ce label. « Le consommateur a besoin d’être rassuré sur les produits d’importation », confirme Gautier Fischel, responsable distribution et marketing de la Compagnie Fruitière, acteur majeur des bananes bio et équitables avec près de 40 000 tonnes commercialisées en France.