« On estime à environ 200 millions de litres le surplus de quantité de lait bio produit en 2022 ». Le décor est planté par Ludovic Billard, président de Biolait qui collecte 30 % de la production de lait AB en France. Face au ralentissement de la consommation bio et à l’augmentation du nombre d’exploitations estampillées AB, la filière se retrouve d’ores et déjà avec un surplus de production qui ne fera que s’accentuer dans les mois à venir. Biolait lance ainsi un appel à l’aide aux Français pour qu’ils achètent un pack de lait bio supplémentaire sur l’année. « Si les 28 millions de foyers s’y mettent, cela permettrait d’écouler tout notre excédent », espère Ludovic Billard. Faute de quoi, la matière première sera déclassée en conventionnel, menant à une perte de revenus pour l’agriculteur.
Déséquilibre entre l’offre et la demande
« L’écart de prix entre un pack de lait conventionnel et une version bio n’est que de 1,50 €, ce qui n’est pas colossal sur une année entière », indique le président. En revanche, les retombées pour la filière et les producteurs sont, quant à elles, bien plus importantes. Le collecteur estime que cela éviterait une perte de 10 000 € à 20 000 € par an pour une ferme moyenne. « Il y a une vraie inquiétude à ce niveau-là. D’autant plus qu’il y a déjà des producteurs qui expriment des difficultés alors que la situation la plus complexe reste à venir », alerte Ludovic Billard.
En effet, de nombreux exploitants sont en passe de terminer leur conversion à l’agriculture biologique et s’ajouteront à ceux ayant obtenu leur certification récemment. Sauf qu’aujourd’hui, les consommateurs ne sont plus au rendez-vous. En cause principalement, les changements d’habitudes d’achat suite à la crise ou encore l’explosion des promesses alternatives (sans pesticides, HVE, local, etc.) qui diluent le message de la bio auprès des Français.
Les espoirs déçus d’une meilleure valorisation
« Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les producteurs qui ont fait le choix de la conversion, ne retrouvent pas au final la valorisation qu’ils espéraient et finissent par arrêter leur conversion, voire leur production entière, regrette Ludovic Billard. Avoir réussi à convertir autant de fermes et ne pas avoir de perspectives derrière, c’est une vraie déception. » L’appel est relayé sur les réseaux sociaux sous le hashtag #1PackDeLaitBio et des punchlines éloquentes telles que « Et si une soirée crêpes pouvait tout changer ? ».
En parallèle, le collecteur a mis à disposition de ses 1 400 exploitants des affichettes qu’ils peuvent diffuser auprès des magasins qui ont des produits issus à 100 % de la matière première de Biolait. Sont concernés, par exemple, les marques de distributeurs de Biocoop, Système U ou Auchan, mais aussi des signatures telles que Bonneterre ou Biobleud. Au total, le lait distribué par le collecteur entre dans la fabrication d’environ 200 produits bruts ou transformés (beurre, crèmes, pâtes feuilletées ou encore fromage). « Peu importe la marque achetée, tant que c’est certifié bio, ce sera bénéfique pour l’ensemble de la filière », conclut Ludovic Billard.