L’Agence Bio a dévoilé le 1er juin son bilan 2022 du marché bio en France. Sans surprise, le marché des produits bio, hors restauration hors domicile (RHD), a enregistré un nouveau repli de 4,6 % l’année dernière. Son chiffre d’affaires s’élève ainsi à 12 milliards d’euros, contre 12,6 milliards d’euros en 2021 et 12,8 milliards d’euros à son apogée en 2020 (lien article).
615 M€ de pertes cumulées en GMS et magasins bio
C’est la deuxième année consécutive de baisse pour le marché bio et un sérieux coup dur pour la filière. Car la consommation à domicile représente son principal débouché avec 92 % de ses ventes. Dans le détail, les hypers et supers demeurent, et de loin, le premier circuit de distribution du bio avec 53 % de part de marché. Mais Leclerc, Carrefour et consorts enregistrent la plus grosse perte en valeur, avec 310 millions d’euros de manque à gagner sur un an. Ils sont suivis de près par les magasins bio, qui du haut de leur 27 % de part de marché, affichent un déficit de 305 millions d’euros par rapport à l’année précédente.
Sur le marché de la consommation à domicile, la vente directe est finalement le seul circuit de distribution en hausse l’an passé. Quand bien même sa dynamique ralentit, les ventes de produits bio à la ferme ont progressé de 3,9 %, soit près de 60 millions d’euros supplémentaires sur 12 mois. Un gain qui permet désormais à ce débouché de peser pour 13 % des ventes au niveau national. « L’opposition entre le bio et le local n’a plus lieu d’être, les français font le choix des deux en privilégiant la vente de bio à la ferme », se réjouit Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio.
7 % de bio dans la restauration collective en 2022
Autre motif de réjouissance, la restauration hors domicile. Malgré son poids minime sur le marché (8 % des ventes de bio en France), elle retrouve la voie de la croissance après une année 2021 encore marquée par les restrictions liées à la crise sanitaire. Sur ce circuit, qui représente 170 000 restaurants et 80 000 cantines scolaires, administrations ou entreprises, le chiffre d’affaire du bio s’est élevé à 715 millions d’euros (HT), en hausse de 17 %.
Les aliments labellisés AB ne représentent toutefois que 1 % des achats des restaurateurs privés, contre 7 % dans la restauration collective. Un taux qui est encore loin, très loin, des objectifs du plan Ambition Bio du gouvernement qui fixe à 20 % la part de produits bio dans la restauration collective publique en 2022.
Le rythme des conversions ralentit
Face au manque de débouchés, les opérateurs de l’amont amorcent eux aussi un net ralentissement. Côté production, les surfaces conduites en bio continuent certes de progresser en France grâce à l’arrivée de nouveaux producteurs en fin de conversion. L’an passé, le territoire comptait 10,7 % de sa surface agricole utile (SAU) en bio contre 10,4 % en 2021. Soit près de 2,9 millions d’hectares. Néanmoins, le nombre d’hectares en première année de conversion est en chute libre (- 40 %) tout comme celui de nouveaux producteurs bio (-30 %), malgré un solde qui reste positif par rapport aux arrêts de certification (+ 3,5 %).
Par ailleurs, le nombre d’entreprises de l’aval, transformateurs comme distributeurs, recule pour la première fois l’an passé. Face à ce déséquilibre et au risque de déstructuration des filières, l’Agence Bio alerte sur l’urgence de relancer la consommation de bio en France. « Si nous voulons atteindre notre objectif national de 18 % de bio dans les champs [objectif du Plan national stratégique PAC pour 2027, ndlr], il faut le retrouver dans les assiettes. Transition alimentaire et transition agroécologique vont de pair », affirme Loïc Guines, président de l’Agence Bio.